Le monde s’enlise dans la confusion. Partout et en tout. Entretenue par des dirigeants politiques et économiques de plus en plus contestés par des peuples appauvris et malmenés. Y a-t-il un seul pays où le mot démocratie a encore une signification ? Triste spectacle !

A la veille de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, par exemple, Donald Trump donne le ton en stigmatisant ses compatriotes qui manifestent pour dénoncer les crimes des policiers ; il les considère comme des terroristes et n’éprouve aucun sentiment envers les pauvres victimes. A la peau noire, bien sûr.

Aussitôt, il est imité, y compris en France, où le ministre de l’intérieur ose parler de l’ensauvagement de la France quand rien ne vient étayer son affirmation. Le mot, emprunté à Marine Le Pen, est repris à satiété par d’autres ministres. Le premier d’entre eux, Jean Castex, n’a pas condamné le petit Darmanin, contredit par le ministre de la justice, mais il a fermé le ban. Simplement, sans qu’Eric Dupont-Moretti n’ose répliquer. Scandaleux.

Rares sont ceux, qui, de la gauche à la droite, se sont exprimés pour dénoncer le premier flic de France : la question de l’insécurité est devenue un tel argument électoral pour tenter de capter un électorat mis en condition que ceux qui condamnent des propos scandaleux le font avec modération.

Les politiques ont ouvert les vannes et les médias se sont emparés, eux aussi, de la question. Le moindre fait divers est surexploité ; les images de violences sont montrées en boucle et deviennent virales, comme on le dit aujourd’hui. Pascal Praud, Eric Zemmour, David Pujadas, Laurence Ferrari, Michel Onfray, André Bercoff, Philippe Bilger, Darius Rochebin peuvent déverser le poison d’extrême droite en toute tranquillité et ils ne s’en privent pas. Ils sont les porte-voix (et rien que cela) de politiciens qui se vautrent dans la fange. L’information est dévoyée ; l’audience assurée.

Le président de la République prête, lui aussi, sa voix à cette chorale des menteurs invétérés qui n’en finissent pas d’emprunter les idées nauséabondes de la famille Le Pen.

A l’étranger, Emmanuel Macron sème la même confusion. Au Liban, il se comporte comme un donneur d’ordre. Même le Monde se voit obligé de reconnaître qu’il donne l’impression d’avoir mis le pays du cèdre sous tutelle. Il se présente comme le défenseur du peuple, mais soutient un nouveau premier ministre qui ne s’est jamais manifesté comme un pourfendeur de la corruption endémique des partis religieux. Macron feint d’ignorer la colère du peuple et se présente, selon l’expression de Pierre Barbancey, dans L’Humanité, comme le petit père des peuples libanais.

Emmanuel Macron se complaît à semer la confusion dans les esprits sur tous les sujets ; il prétend faire une politique en faveur de l’écologie et il autorise l’utilisation des néonicotinoïdes par les producteurs de betteraves (et qui demain ?), la chasse à la glu, etc. Et cela ne semble pas gêner outre mesure Barbara Pompili, trop heureuse d’occuper un ministère de l’écologie sans aucune marge de manœuvre et entièrement soumis aux décisions du chef vertical. Elle a quitté l’habit vert.

Quant aux écologistes, ils se battent pour savoir qui sera leur champion en 2022 : Yannick Jadot ou Eric Piolle, Eric Piolle ou Yannick Jadot ? Et avec quels soutiens ? Le député européen Yannick Jadot est passé maître dans la manipulation et la confusion. Quand dit-il la vérité ? Devant les patrons réunis pour l’Université d’été du MEDEF quand il se prononce pour un capitalisme européen, pour un parti vert ni de droite, ni de gauche et n’excluant pas des alliances avec la droite ? Ou, devant les socialistes, quand il affirme, la main sur le cœur, que la gauche est sa famille et que l’écologie est irriguée par les valeurs et les principes de gauche?

Quand sonnera-t-on la fin de l’ère de la confusion pour rétablir l’ère de la vérité, l’objectif ultime de la démocratie, donc de la politique ?