Emmanuel Macron n’est peut-être pas aussi égoïste qu’on le dit ; il sait récompenser ses amis plus malchanceux que lui. On me rétorquera que cela ne lui coûte rien, c’est le contribuable qui paie, mais le geste est la preuve d’une reconnaissance sans faille (ou d’un besoin de ménager l’avenir ?).

Mais de quoi s’agit-il ? Le dernier conseil des ministres a entériné la nomination d’Amélie de Montchalin en tant qu’ambassadrice auprès de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), où elle remplacera Muriel Pénicaud. Le même Conseil a officialisé ce qu’on savait déjà, à savoir que Jean Castex est nommé président de la RATP.

D’autres ex-ministres n’ont pas eu à se plaindre du renvoi d’ascenseur du président de la République. Christophe Castaner, ex-socialiste, a été le mieux récompensé avec la présidence du conseil d’administration du tunnel sous le Mont-Blanc et le conseil de surveillance du port de Marseille. Brigitte Bourguignon, elle, devient inspectrice générale des affaires sociales (IGAS), et Jean-Michel Blanquer (qui n’a pas laissé de bons souvenirs lors de son passage au ministère de l’éducation nationale) sévira encore dans l’enseignement en tant que professeur de droit public à l’université Paris-Assas (tout en continuant à diriger sa société-conseil). Quant à Emmanuelle Wargon, elle s’est retrouvée à la direction de la Commission de régulation de l’énergie.

Agnès Buzyn avait été recasée à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et on parle de sa collègue Florence Parly à la présidence d’Air France. Sylvie Goulard, elle, avait été nommée sous-gouverneure de la Banque de France.

Brune Poirson, qui avait atterri dans le groupe hôtelier Accor, s’était vue confier une mission sur le développement durable.

La liste de ceux qui n’ont même pas eu besoin de traverser la rue pour retrouver une sinécure est longue, très longue. On peut être battu aux élections ou évincé du gouvernement, la cellule emploi de l’Elysée, sur laquelle veille le président en personne, s’occupe de votre avenir (de préférence grassement rémunéré).

La République des copains et des coquins n’est pas morte.