On savait depuis l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en octobre 2018 au consulat d’Arabie saoudite que Mohammed ben Salmane est un monstre de cruauté (ce qui n’a pas empêché Emmanuel Macron de le recevoir pour signer des contrats militaires). Depuis la diffusion du documentaire d’Antoine Vitkine, ‘’La stupéfiante affaire du dernier Vinci’’, on sait aussi qu’il est un être d’une vanité incommensurable et d’une bêtise abyssale.

L’œuvre d’Antoine Vitkine nous a appris que c’est ce MBS, comme il est surnommé, a acquis pour 450 millions un tableau, ‘’Salvator Mundi’’, attribué à Léonard de Vinci, en faisant le tableau le plus cher du monde.

L’histoire ne s’arrête pas là. Il apparaît de plus en plus sûrement que le tableau n’est pas de Léonard de Vinci, mais de peintres de son atelier.

A l’origine, ‘’Salvator Mundi’’ avait été acheté 1175 dollars par un marchand d’art new yorkais en 2005. Les dessous, peu reluisants des marchands d’art et des société de vente aux enchères internationales (Sotheby’s, aujourd’hui propriété de Patrick Drahi et Christie’s, propriété de François Pinault) ont transformé la croûte sans valeur en une œuvre au prix ahurissant, sûrs d’attirer les hyper-riches.

Dmitri Rybolovlev, oligarque russo-chypriote proche de Trump et propriétaire du club de football de l’AS Monaco, l’avait acquis en 2013 pour 127 millions de dollars par l’intermédiaire d’un marchand d’art suisse, Yves Bouvier, chez Sotheby’s. Découvrant qu’il avait été trompé sur la marchandise, il avait remise le tableau en vente.

C’est ainsi que, quatre ans plus tard, MBS l’achète 450 millions de dollars chez Christie’s, alors que l’authenticité du tableau est de plus en plus contestée.

Mais, dans le milieu du marché de l’art, les voyous côtoient les hyper-riches et tout ce beau monde patauge dans les énormes arrangements et les combines pour faire monter les prix, sans vergogne, étalant leur manque de culture et leur immense fortune. Antoine Vitkine avoue dans Télérama : « J’ai été estomaqué en découvrant le marketing hallucinant et tapageur déployé par Christie’s pour faire monter les enchères. Et que dire de la vidéo de ces visages émus aux larmes devant le tableau ? Même Leonardo Di Caprio a été sollicité pour l’occasion ! On parle tout de même d’un tableau du patrimoine de la Renaissance… traité tel un banal objet. »

La France ne se sort pas grandie de l’histoire d’un tableau faussement attribué à Vinci. Antoine Viykine rapporte sur France Culture à propos de la demande de MBS d’exposer le ‘’Salvator Mindi’’ lors de l’exposition consacrée à Léonard de Vinci : « Je démontre et je révèle d’ailleurs pour la première fois à l’échelle mondiale que c’est le président de la République, Emmanuel Macron qui doit arbitrer un débat qui oppose d’une part le Louvre et d’autre part, les ministères des Affaires étrangères et de la Culture sur le fait d’accorder à MBS ce qu’il demande. La réponse est négative. Cela a lieu à la fin du mois de septembre 2019. L’exposition s’ouvre en octobre et c’est en décembre qu’aurait donc été publié un fascicule rapportant une expertise des experts, des historiens de l’art du Louvre démontrant que le tableau est un tableau autographe et qu’il n’y a aucun problème avec le tableau ou pas beaucoup de problèmes. Ce fameux rapport, le Louvre, évidemment, refuse d’en parler. Le Louvre est gêné par quelque chose qui est très simple. C’est que l’expertise dont on parle, que rapporte le New York Times, est la propriété du commanditaire : Mohammed Ben Salmane. Le Louvre est donc juge et partie. Quand on juge, on doit être au minimum neutre. Le Louvre ne peut pas être neutre. Les intérêts du Louvre avec l’Arabie Saoudite sont avérés et se chiffrent à plusieurs dizaines de millions d’euros. »

Le documentariste ajoute : « La presse mondiale d’ailleurs, qui a répercuté et qui a médiatisé mon film, a eu parfois des titres totalement délirants comme « MBS a acheté un faux Vinci ». On a l’impression qu’il a acheté une œuvre de faussaire. Le tableau est au cœur de négociations entre Paris et Riyad : il fait l’objet de négociations permanentes. Les enjeux financiers, politiques et diplomatiques polluent l’expertise et donc la vérité scientifique qui devrait émerger. »

Où il est prouvé que le fric des hyper-riches pollue tout !