Jean Viard est sociologue ; très éloigné des positions de Pierre Bourdieu. Mais ne dit-on pas qu’il faut de tout pour faire un monde !

Il est très médiatique, intervenant aussi bien sur le service public (France Inter) que sur les chaînes privées (LCI de Bouygues). Directeur de recherche au CNRS, au CEVIPOF, centre de recherche politique de Sciences Po, il a appelé à voter Ségolène Royal en 2007 pour rejoindre dix ans plus tard Emmanuel Macron et La République en marche. Il franchi un pas dans le positionnement politique en se présentant aux législatives dans le Vaucluse, où il a été battu par le Républicain Julien Auber.

Interrogé dans L’Express, il y fait des remarques que j’estime idiotes et inquiétantes. Par exemple, celle-ci dont les rapprochements sont osés : « Pour la première fois dans l’Histoire, cinq milliards d’humains ont mené un combat contre un ennemi commun. C’est gigantesque ! Ce combat, de surcroît, peut être à ce jour qualifié de victorieux : avec des millions de morts et de malades, certes, mais sans doute 50 à 100 millions de vies sauvées. Et nous avons choisi de casser l’économie pour « sauver les vieux », pourtant improductifs, ce qui est extraordinaire. On impute généralement à Hitler 50 millions de morts. Ici, on a le même ordre de grandeur, mais inversé ! »

Ou encore : « La lecture, les séries, la télé, les radios ont fortement progressé au détriment du spectacle vivant et du cinéma. Cela provoque des souffrances et des résistances, dans un milieu culturel peu numérisé. A tort. Les matchs de foot ont lieu sans public, mais rares sont les pièces de théâtre sans spectateurs car les artistes disent : « Sans public, on ne peut pas jouer. » Mais si ! Je donne des conférences depuis mon bureau. C’est triste, mais cela fonctionne. Cela veut dire que, désormais, il faudra systématiquement penser présentiel et numérique. »

Et au journaliste qui lui demande s’il est optimiste ou pessimiste, il répond : « Plutôt optimiste ! Les sorties de crise sont des moments de libération de l’énergie. Nous ne vivons pas une guerre mais une tragédie inouïe et une révolution culturelle. La post-pandémie peut ressembler à ce que l’on a connu à la Libération, avec une soif de vie, une folle envie de bouger, de créer, de danser, de sortir, d’innover… Nous allons sans doute vers les Dix Glorieuses, comme il y a eu après-guerre les Trente Glorieuses. Nos sociétés peuvent retrouver une dynamique où l’idée d’un commun à construire prendra le dessus sur nos postures victimaires. Chacun de nous s’est auto-réformé. »

Est-ce sérieux quand on sait que les grands patrons profitent de la situation pour ‘’dégraisser’’ leurs effectifs, fermer les usines et que les petits vont souffrir pour simplement survivre (ou fermer). Les libérations d’énergie ne se décrètent pas, elles se construisent autour des syndicats et du mouvement social. Tout ce que le copain de Jean Viard, c’est-à-dire le président de la République, continue à ignorer, à affaiblir et à casser pour conforter l’optimisme des ultra-libéraux.

On peut être directeur de recherche au CNRS et se tromper. Lourdement.