Humensis est un éditeur qui se prétend indépendant, mais dont l’actionnaire très majoritaire est le réassureur dirigé par Denis Kessler, l’ex-numéro 2 du MEDEF et pourfendeur des acquis du Conseil national de la Résistance (CNR).

Humensis est présidé par Jean-Claude Seys (qui a fait carrière dans l’assurance et dans la banque) et dirigé par Frédéric Mériot (lui aussi passé par le monde de l’assurance). La maison est née de la fusion des éditions Belin et des PUF et, aujourd’hui, elle accueille onze marques telles Que sais-je ?, les Editions de l’Equateur et les Editions de l’Observatoire.

Les Editions de l’Equateur devaient publier un album de bande dessinée de l’auteur et illustrateur Remedium, pseudonyme d’un professeur des écoles. Le titre, ‘’Cas de force majeure’’, et son sous-titre, ‘’Histoire de violences policières ordinaires’’, ne laissaient planer aucun doute sur le contenu. Mais Remedium avait reçu le bon à tirer et l’imprimeur le document final, quand la filiale d’Humensis a changé brusquement d’avis et refusé l’édition de l’album, au prétexte qu’il contenait un portrait de Gérald Darmanin qui tombait sous le coup de la diffamation.

L’éditeur a proposé de modifier le passage concernant Darmanin, ce que Remedium a refusé.

L’histoire pourrait s’arrêter là, mais, en cherchant plus loin, on s’aperçoit que la filiale d’Humensis, les Editions de l’Observatoire, est l’éditeur du livre de Gérald Darmanin, Le séparatisme islamiste, Manifeste pour la laïcité. Elle a aussi édité Sarkozy, Bayrou, Tapie, Carlos Ghosn, Luc Ferry et même Mélenchon. 

Muriel Beyer, directrice adjointe d’Humensis et patronne des Editions de l’Observatoire, présente Gérald Darmanin comme son ‘’super pote’’.

Kessler, Seys et Beyer ont vu rouge quand ils ont été informés que Gérald Darmanin était qualifié dans les bulles de la BD de « ministre de l’intérieur bouffi d’ambition et de haine de l’autre » ou encore que « son cynisme politique est déjà rôdé et le petit Gérald, devenu grand, a bien appris de son mentor : comme lui, il use de propos racistes, homophobes et phallocrates. »

Entre Hachette, Editis et des ‘’indépendants’’ comme Humensis, il va être difficile pour des auteurs libres et rebelles de se faire éditer. Avec eux, nul besoin de censure, le refus d’éditer est assuré.

Quant à Darmanin, premier flic de France, il veille sur tout et il a des oreilles partout, même chez les éditeurs indépendants