Je suis parfaitement ignorant des choses de la religion et plus encore du quotidien du Vatican. Mais je me demande ce que Dieu, s’il existe, pense de la situation actuelle de l’Eglise catholique. Du pape François qui me semble un homme bon et plein de bonnes volontés. De l’état de la foi catholique et de la désertion des églises.

Que pense Dieu de toutes ces affaires de pédophilie qui éclaboussent son Eglise chaque jour que Lui a fait (si c’est bien Lui qui a fait notre monde) ?

Comme José Saramago, autre athée assumé, je sais qu’il « n’y aura pas de réponses à ces questions. Comme je l’ai écrit en des moments de vaine interrogation métaphysique, il y a quinze bonnes années de cela, Dieu est le silence de l’univers et l’homme le cri qui donne du sens à ce silence. »

Je me résigne à n’avoir jamais de réponse, mais, dans une longue interview d’une notable sociologue, Danièle Hervieu-Léger, dans Télérama, je crois avoir trouvé une explication à la crise que traverse l’Eglise catholique. Que dit-elle à propos de LA crise, qu’elle qualifie de gravissime ?

« Pour la comprendre, il faut la replacer dans la durée, remonter au XIXe siècle et à la confrontation de l’Eglise avec le bouleversement que constitue, à la Révolution, l’affirmation du droit des individus à l’autonomie, qui est le cœur de notre modernité. Celle-ci s’est imposée d’abord sur le terrain politique. Cette modernité à laquelle se heurte alors l’Eglise, c’est la reconnaissance de l’autonomie des citoyens, qui fait échapper la société à la régie de la religion. Or cette revendication d’autonomie n’a pas cessé de s’élargir et elle embrasse aujourd’hui la sphère de l’intime aussi bien que la vie morale et spirituelle des hommes et des femmes qui, sans cesser d’ailleurs nécessairement d’être croyants, récusent la légitimité de l’Eglise à dire la norme dans des registres qui ne relèvent que de leur conscience personnelle. »

Les réflexions de Mme Hervieu-Léger m’ont interpellé et, au bout du compte, elles me laissent l’espoir de voir reculer l’intégrisme des croyants, catholiques en premier lieu, mais aussi, demain, de tous les intégrismes, pour un mieux-vivre ensemble, croyants et non croyants, dans une belle fraternité. Que Mme Hervieu-Léger admette que la Révolution a servi à émanciper les consciences, voilà également qui me réjouit.

Car, si la funeste Inquisition a disparu, les fanatiques de la Marche pour tous, les censeurs de Victor Hugo en Turquie et au Koweit, les émetteurs de fatwas contre Rushdie ou d’autres supposés mécréants, eux, relèvent la tête dans de trop nombreux pays pour ne pas s’inquiéter.

Pour en revenir à la crise de l’Eglise catholique et à la sociologue de Télérama, après une digression à propos des intégrismes, je ne sais pas si Dieu, s’il existe, volera au secours du courageux (et intelligent) pape François pour réformer le Vatican et les mentalités de ses croyants. Car, comme le dit notre sociologue en conclusion : « L’observation sociologique de la scène catholique ne laisse guère deviner la proximité d’une telle révolution. »

Il y a encore et toujours des révolutions à faire. Amen.