Le porte-avions Charles De Gaulle est à quai. Encore. Depuis son lancement en 2001, il a multiplié les retours dans les ateliers pour des avaries plus ou moins importantes, mais toujours onéreuses.

La dernière en date a duré 18 mois et a coûté 1,3 milliards d’euros. Un détail.

Il était reparti le 21 janvier pour une mission, baptisée Foch, en Méditerranée puis en Atlantique. Une mission éminemment politique, semble-t-il : il repassait le détroit de Gibraltar pour la première fois depuis dix ans ; Le Monde, citant un ancien du porte-avions, révèle que « L’escale à Brest relève d’abord de la politique. Cela fait dix ans que le Charles De Gaulle n’y était pas passé, c’était trop important pour les élus de la région. Ensuite, il s’exerce toujours une énorme pression politique et diplomatique sur le porte-avions. Il fallait qu’il navigue, point ! »

La navigation de notre « navire emblématique » a tourné court ; aujourd’hui il se retrouve sans équipage et au cœur d’un scandale à cause du coronavirus.

Le Monde y consacre une pleine page, très argumentée, mais, hélas, l’article devient vite franchouillard :

« L’heure est grave, car la France n’a provisoirement plus d’équipage pour son navire amiral, qui est considéré comme l’outil politique de la puissance nationale, dans la main du président, avec toute la pression que cela suppose pour ceux qui le servent. »

L’heure est peut-être grave pour notre président jupitérien, mais, franchement, il y a actuellement plus grave qu’un porte-avions à quai. Un jouet qui coûte 225 millions d’euros pendant vingt ans, soit 4,5 milliards. On imagine le nombre de lits d’hôpitaux, de soignants, de masques et de gel que représente une telle somme !

Si, au moins, cette mise à quai pouvait permettre à Emmanuel Macron d’admettre enfin que, comme le disait Prévert, « quelle connerie la guerre » et qu’il est préférable d’œuvrer pour la paix. Tiens, en quittant l’OTAN, par exemple. En réduisant le budget des armées au profit des écoles, de la recherche, de la culture, de la santé. Le coronavirus aurait un effet tellement bénéfique pour tous.

Mais une telle hypothèse dans les colonnes du Monde n’est qu’un rêve, car la chute de l’article est désespérante :

« Une enquête de commandement, interne, a été ordonnée. Tandis qu’un ancien commandant de porte-hélicoptères assure, formel : ‘’Si la guerre éclate demain et que le président veut le porte-avions, on va reprendre tout le monde, malade ou pas, et le bateau repartira.’’ »

C’est lui, le militaire qui est malade. Le coronavirus n’a donc pas servi à s’interroger sur l’état de notre planète. La guerre doit être éradiquée, partout. Et la France devrait donner l’exemple en déclarant la paix à tous les pays.

Tant qu’il y aura des présidents qui se prennent pour Jupiter et des militaires qui ne rêvent que de guerres, le chemin sera long pour abolir les guerres…