Les grands éditorialistes ont peur ; la crise du coronavirus fait trembler le capitalisme et sa forme moderne, le néolibéralisme, et leur sinécure est menacée.

La crise agit comme un puissant révélateur de tous les maux de ce système inégalitaire, qui sème la pauvreté partout pour que quelques privilégiés s’approprient toutes les richesses produites par ceux qui sont condamnés à ne rien avoir ; jamais.

Les éditorialistes, donc, ont peur de la révolte des gueux ; immodestes, orgueilleux gourmands, paresseux (ils ne sont, en fait, que les porte-parole de ceux qui les ont fait pour leur docilité plutôt que pour leur intelligence), un peu nantis (ils sont mieux payés que beaucoup de chercheurs, de médecins, d’enseignants), reconnus (de façon temporaire) à force de déverser leurs mensonges dans tous les médias, ils ont peur de sombrer avec un système qui les a fait rois.

Alors ils éructent, ils maugréent, ils insultent ceux qui souhaitent ouvrir une nouvelle voie, le jour d’après.

Arnaud Leparmentier, du Monde, a ressassé les mêmes inepties durant toute sa carrière (le SMIC est trop élevé, les salaires progressent trop vite, l’allocation chômage est trop généreuse et trop longue, il faut pouvoir licencier plus facilement) a trouvé un nouveau point d’attaque. Sa pensée, toujours aussi courte, tient dans les quelques caractères d’un Tweet : « Au XIXe siècle, Guéret (Creuse) a refusé le chemin de fer. Au XXIe siècle, en pleine pandémie, la France refuse Amazon. »

La pensée esclavagiste du journaliste du Monde n’a pas de limite.

Autre spécimen intéressant de grand éditorialiste, David Barroux, des Echos : « Il serait, paraît-il, indécent de demander aux Français de travailler plus pour tenter de commencer à rembourser la colossale addition du coronavirus. Mais pourrons-nous au moins leur demander de travailler un peu ? »

Oserait-il aller répéter ce Tweet devant des éboueurs, des femmes de ménage, des magasiniers, des soignants, et bien d’autres ?

Nicolas Beytout, lui, est un patron. Après avoir hérité des Echos et l’avoir revendu, il a créé L’Opinion. Où il relaie les revendications de Geoffroy Roux de Bézieux. Sur son compte Twitter, il fait la promotion des éditoriaux de son journal. Le 14 avril, c’est Rémi Godeau qui s’est évertué à ‘’tartiner’’ sur « Le débat interdit : Travailler plus pour gagner tous. »

Gagner tous, vraiment ?

Le 8 avril, c’est lui-même, Nicolas Beytout, qui officie. Le titre de son éditorial est tout un programme : « Coronavirus ou pas, la CGT ne change rien. »

J’ai la faiblesse de penser que la CGT change beaucoup de chose : en empêchant les actionnaires de L’Opinion de tout casser.

Ces larbins du capital, on les connaît ; mais ils nous étonnent encore chaque jour. Pour aller jouer au golf avec leurs patrons ou aller dîner au club du Siècle, ils sont prêts à tout, surtout à se prosterner devant le marché. Mais aujourd’hui, s’ils sont aussi virulents et s’ils ont peur, c’est que tout n’est perdu.