Les journaux économiques égrènent chaque jour les résultats faramineux des grands groupes industriels, les montants exorbitants des dividendes touchés par des actionnaires avides de ‘’cash’’ et les fortunes extravagantes de quelques milliardaires.

Ils sont moins bavards quand il s’agit de donner les chiffres de la pauvreté qui ne cesse, elle, de s’étendre dans tous les pays, riches (mais endettés) comme émergents (sans solution).

Les journaux économiques taisent que les résultats des grands groupes ont été obtenus avec pas mal d’aides extérieures, puisées dans les innombrables impôts et taxes, en fait dans nos poches, au détriment des services publics.

Les peuples savent tout cela et, cependant, ils continuent d’installer sur les sièges du pouvoir des présidents, de la majorité des députés et d’élus locaux dont la seule boussole est de défendre les privilèges de quelques capitalistes qui n’osent plus se déclarer comme tels, mais comme libéraux après avoir détourné la définition du libéralisme.

Les mêmes journaux économiques, par exemple Les Echos, propriété de l’un des hommes les plus riches du monde, ont déjà installé Marine Le Pen sur le siège présidentiel et son bras droit sur celui de premier ministre. Leur inclinaison sentimentale s’en accommode volontiers. Notre indignation ne les bouleverse nullement ; ils sont indifférents à toute considération d’ordre moral.

Clara Zetkin, la révolutionnaire allemande, nous a averti dans son discours au congrès de Tours en 1920 : « L’histoire ne nous montre pas un seul cas d’une classe dominante et exploitante qui ait renoncé volontairement à sa position de pouvoir. » Ella ajoutait : « La démocratie est la force la plus parfaite de la domination des classes bourgeoises. » 

Plus près de nous, c’est un défenseur du système, Gary Becker, qui venait confirmer les analyses de Clara Zetkin, en les replaçant dans le nouveau contexte de la mondialisation. Becker, donc, prix de la Banque de Suède en sciences économiques (baptisé ‘’prix Nobel d’économie’’), écrivait dans Business Week en août 1993 : « Le droit du travail et la protection de l’environnement sont devenus excessifs dans la plupart des pays développés. Le libre-échange va réprimer certains de ces excès en obligeant chacun à rester concurrentiel face aux importations des pays en voie de développement. »

Sachant tout cela, est-on prêt à asseoir la famille Le Pen (et ses clones) ou un prétendu libéral (un clone de Macron) sur le siège du pouvoir.

Demain, il sera trop tard pour le déplorer.