Meredith Whittaker est une ex-employée de Google ; aujourd’hui, elle est présidente de la fondation Signal, une application permettant de communiquer de façon chiffrée et sécurisée.

A Paris pour participer au Salon Vivatech, elle a accordé un entretien au Monde. Interrogée à propos de la décision du gouvernement de bloquer TikTok en Nouvelle-Calédonie, elle a eu une réponse édifiante :

« Je ne connais pas bien le contexte, mais en 2024, bloquer l’accès à un réseau social afin de reprendre le contrôle d’un territoire, cela semble très daté… Cette décision ressemble à celle d’un régime autoritaire et ne convient pas à une démocratie. »

Les journalistes lui ont demandé si les start-up d’IA européennes comme MistralAI ou Aleph Alpha pouvaient offrir une alternative aux géants du numérique. Sa réponse ne fera pas plaisir à Emmanuel Macron qui n’a d’yeux que pour Mistral :

« Oui, sur un des éléments de la chaîne de valeur de l’IA (la fabrication de modèles), mais elles ne sont pas des concurrentes directes de ces entreprises. Ces start-up ont par exemple toujours besoin, pour le calcul informatique, d’utiliser les infrastructures de Nvidia, de Google ou d’Amazon… L’accès au marché passe forcément par ces acteurs. Beaucoup de responsables politiques en Europe s’accrochent à ce fantasme selon lequel il serait soudain possible de créer un géant, un Microsoft ou un Google européen. Mais en raison de la nature de ces monopoles, qui allient plateformes et infrastructures, et s’auto-renforcent, il paraît impossible de créer un concurrent. »

En conclusion, il faudrait souffler au président de la République qu’il est vraiment temps d’arrêter de prendre les Français pour des demeurés.