Parler de l’élection présidentielle en France sans avoir à l’esprit que la guerre fait des centaines de morts chaque jour ? Impossible.

La guerre fait rage en Ukraine, mais hier c’était en Yougoslavie (pendant dix ans). Puis, un peu plus loin, il y a eu des milliers de morts en Syrie, en Libye, en Irak, en Turquie même (où Erdogan bombarde les Kurdes, trop démocrates à ses yeux), en Afghanistan ; aujourd’hui encore, on compte les morts au Yémen et en Afrique sub-saharienne, etc. Des milliers de morts de trop !

La guerre n’est plus froide, même si on retrouve les mêmes belligérants et si leur nom a changé ; elle n’oppose plus deux blocs, l’un capitaliste, l’autre socialiste, deux idéologies surarmées, y compris avec la terrifiante arme nucléaire. Elle oppose des états capitalistes, mais aux visions du monde antagonistes et aux intérêts territoriaux divergents.

Le risque d’embrasement mondial est toujours présent ; les marchands d’armes n’ont jamais fait d’aussi bonnes affaires. Par exemple, l’Allemagne trouve 100 milliards pour, prétend le chancelier, moderniser son armée. La belliqueuse OTAN s’est brusquement réveillée et étend sa sphère d’influence, attirant, par exemple, des Nordiques, comme la Suède et la Finlande.

Le danger de guerre mondiale est là. Une étincelle suffirait à la déclencher.

Alors, comment parler du duel Macron – Le Pen sans avoir ce danger en tête. Les deux candidats, j’allais écrire les deux belligérants, sont deux représentants de ces états qui poussent au réarmement mondial, tout en déclarant, la main sur le cœur, qu’ils sont à ranger dans le camp des défenseurs de la paix.

Pour employer des expressions triviales, ils jouent avec le feu et soufflent sur les braises. Ici ou là. Ils nous mentent encore.

Ils prétendent ne pas intervenir mais ils fournissent des armes à quelques dictatures peu scrupuleuses du respect de la vie, comme l’Egypte ou l’Arabie saoudite, déploient des troupes, des navires à proximité du champ de bataille actuel, à quelques kilomètres des champs de ruines voulus par Poutine.

Ce sont les peuples qui paient le prix fort de cette politique de la tension permanente sur un fond de contrôle de matières premières, de produits agricoles que l’on a abandonné, mondialisation oblige, pour le plus grand profit des oligarques (qui ne sont pas tous russes).

Macron ne se démarque pas ; Le Pen non plus. Même si l’un et l’autre ne se situent pas vraiment du même côté.

On n’a pas beaucoup parlé de la guerre pendant la campagne électorale du premier tour ; on n’en parlera pas plus durant les quinze prochains jours. Mais on n’a pas parlé non plus de la paix, du rôle que devrait jouer l’ONU, de l’arrêt des ventes d’armes, etc.

Le pouvoir est confisqué par les hérauts d’un ultralibéralisme liberticide et sous pression permanente des va-t’en-guerre et des marchands d’armes. Voilà qui ne va pas faciliter le choix du 24 avril, malgré les appels à faire barrage à l’extrême droite.