Dominique Seux, journaliste et porte-parole du libéralisme, se multiplie pour justifier ses émoluments qu’on devine confortables et porter la bonne parole.

Hier, à 17h17, il écrit sur le site de son principal employeur, Les Echos (le quotidien de Bernard Arnault) :

« La pandémie aura décidément été une période fertile pour les fake news, ces informations fausses qui se sont allègrement diffusées. C’est largement connu sur le plan sanitaire – inutile de revenir sur les médicaments qui devaient nous sauver mais ne l’ont pas fait. C’est moins connu sur le plan économique et social : tous ceux qui avaient pronostiqué une explosion des faillites et du chômage ont dû avaler leur chapeau… Mais l’Insee rajoute ce mercredi un élément important à notre connaissance de ce qui s’est vraiment passé en 2020, et qui dément là encore les informations publiées à l’époque : non, en dépit d’une récession historique, le nombre de « pauvres » et le taux de pauvreté n’ont pas explosé, et il faut naturellement s’en réjouir. L’information est jugée suffisamment forte pour que, fait rarissime, le directeur général de l’Insee le commente lui-même sur le blog de l’Institut. »

Quelques heures plus tard, à 7h46 précisément, sur la radio de service public, France Inter, il dit :

« L’Insee a annoncé hier que le taux de pauvreté n’a pas augmenté en 2020, contrairement à ce que l’on pouvait imaginer. Quelques réserves méthodologiques ne contrarient pas le diagnostic. Le quoi qu’il en coûte a payé. A la surprise générale parce que nous, les médias, nous avons relayé l’idée selon laquelle la pauvreté a explosé en France depuis le début de la crise sanitaire. Un million de pauvres en plus, a un jour d’octobre 2020 assuré une association, et voilà comment l’idée et le chiffre se sont imposés comme des vérités. Eh bien, c’est le moment de faire un nostra culpa. Que dit l’Insee ? Que le taux de pauvreté – c’est-à-dire la proportion de Français qui vivent avec moins de 60% du revenu médian – (que ce taux de pauvreté) est resté à 14,6% l’année dernière, exactement au même niveau qu’en 2019. L’institut de la statistique est suffisamment sûr de lui pour que, fait rarissime, son patron, Jean-Luc Tavernier, y consacre un billet de blog sur Internet. »

Emoustillé par une information qui, selon lui, valide la politique libérale de Macron, il a ajouté :

« Avec une récession de 8%, c’est une performance remarquable pour un pays, inédite je pense dans l’histoire. L’explication est simple. Les minima sociaux ont été prolongés et le chômage partiel a permis à des millions de ménages de conserver l’essentiel de leurs revenus. Sans tout cela, le nombre de pauvres aurait grimpé de 400.000, précise le directeur général de l’Insee dans Le Parisien ce matin. Certes, la distribution d’aide alimentaire a augmenté – nous avons tous été frappés par des images – mais de 11% ‘’seulement’’ ».

Pour Dominique Seux, les pauvres devraient être heureux, ils ne sont pas plus nombreux. Pas moins non plus : il reste en effet 14,6 % des Français à vivre en dessous du seuil de pauvreté, jeunes comme vieux. Il oublie cependant de préciser que l’estimation de l’Insee a « des limites intrinséques » et des « incertitudes spécifiques liées à l’ampleur et à la singularité du choc d’activité survenu l’an dernier »

Dominique Seux a lu l’éditorial du directeur de l’Insee avec des œillères. Jean-Luc Tavernier, lui, a été plus prudent en écrivant :

« Évidemment, le seul taux de pauvreté monétaire ne suffit pas à rendre compte des situations de pauvreté et de précarité sur le terrain national. Au niveau des statistiques, il faut accorder aussi de l’importance à d’autres indicateurs comme l’intensité de la pauvreté. De plus, l’analyse de la pauvreté ne peut se réduire à celle de la pauvreté au sens monétaire. Les travaux menés avec le monde associatif ont assez montré que la pauvreté était multifactorielle (…) Sans même aller sur les terrains des inégalités de patrimoine, des inégalités liées à l’éducation, etc., la pauvreté ne saurait se synthétiser en un chiffre. »

C’est pourtant ce qu’a fait Dominique Seux. Et, sans vergogne, en se répétant sur France Inter (pour qui il ne livre même pas un éditorial original !).

En cachetonnant un peu partout, il a trouvé la recette pour ne venir grossir les rangs des pauvres et faire grimper les statistiques de l’Insee !

Les pauvres lui auront permis en outre de passer sous silence l’annonce du scandaleux contrat d’engagement jeunes de Macron, la journée symbolique du 3 novembre qui voit les femmes travailler gratuitement (un jour plus tôt qu’en 2020) et, surtout, les records battus par toutes les Bourses, de New York à Paris.

Seux ira-t-il jusqu’à dénoncer comme fausse information que les riches sont de plus en plus riches ?