Les affaires de dopage éclaboussent régulièrement le monde du sport ; les athlètes n’hésitant pas à jouer avec leur santé pour un moment de gloire, très éphémère au demeurant. Mais sont-ils seulement des tricheurs ou des victimes ?
Tous les sports sont touchés, du cyclisme au football en passant par l’athlétisme et d’autres. Certaines disciplines sont suspectées en permanence comme le cyclisme ; d’autres, comme le tennis, ont réussi à étouffer de nombreux cas de contrôles positifs.
Les championnats du monde d’athlétisme se déroulant à Doha, dans un quasi anonymat, viennent de révéler une affaire d’une dimension nouvelle, le dopage économique.
Un entraîneur américain, Alberto Salazar, vient d’être suspendu quatre ans à la suite d’une enquête de l’agence américaine antidopage qui a révélé de faits très graves, injections d’acides aminés, expériences avec de la testostérone grâce à des documents médicaux falsifiés. Avec quelles conséquences pour les sportifs ?
Plusieurs athlètes présents à Doha étaient entraînés par Salazar, comme Donovan Brazier, le champion du monde sur 800 m.
Si l’affaire dévoilée est grave c’est en raison de la situation de Salazar : il est salarié de l’équipementier Nike dans le cadre du Nike Oregon Project. A ce titre, l’entraîneur-dopeur rendait des comptes à son employeur. Ce que confirment des échanges de courriels entre l’accusé et Mark Parker, le patron de la marque.
Des athlètes américains commencent à parler et à accuser Nike de complicité, rappelant fort opportunément que celle-ci avait soutenu Lance Armstrong après la révélation du dopage du champion cycliste, avant de le lâcher plus tard, trop tard.
La guerre économique entre les grands équipementiers sportifs fait rage ; pour vendre les chaussures qui font gagner ou les maillots les plus seyants, ils sont près à tout. En allant jusqu’à couvrir tous les faits de dopages ? Sans doute, l’avenir le confirmera.
L’argent corrompt toute la société et gangrène le sport-business, une activité qui brasse des milliards grâce à l’exposition du sport de haut niveau à la télévision. Les sportifs de haut niveau (mais pas seulement) sont de plus en plus ravalés au rang de mannequins ambulants chargés de provoquer l’acte d’achat des produits de la marque. Contre des rémunérations somme toute assez dérisoires (sauf pour quelques-uns). Les états ayant abandonné la pratique sportive aux marchands, les sportifs sont à leur merci.
L’argent gangrène tout, la pratique mais les compétitions elles-mêmes ; il suffit de regarder les tribunes désespérément vides du stade de Doha pour percevoir à quel point l’attribution de la compétition mondiale au Qatar ne correspondait à aucun critère sportif.
Dopage, prévarication des dirigeants, le sport est malade, gravement.