La création d’Internet a été une formidable invention ; mais on assiste aujourd’hui au plus exécrable détournement. Pis que pour la télévision.

Les technologies numériques et les réseaux dits sociaux servent à tout, y compris à déverser les immondices d’esprits pervers, tourmentés, politiquement dangereux, souvent de façon anonyme. A la manière des dénonciations de Juifs et de Résistants pendant l’occupation de la France par les nazis.

Des personnalités (ou supposées telles) se livrent sans retenue et, dans les cas qui m’ont révulsé très récemment, en se servant de leur (petite) notoriété.

Et Greta Thunberg a concentré sur elle toutes les insanités qu’on peut imaginer.

Par exemple, Bernard Pivot, l’homme de l’émission Apostrophes et aujourd’hui de l’Académie Goncourt, a posté sur son compte Twitter le message suivant le 25 septembre :

« Dans ma génération, les garçons recherchaient les petites Suédoises qui avaient la réputation d’être moins coincées que les petites Françaises. J’imagine notre étonnement, notre trouille, si nous avions approché une Greta Thunberg… »

Quelques minutes plus tard, il récidivait :

« Précisions. Je suis baba devant la verve, l’audace, la colère, la violence des propos de Greta Thunberg à l’ONU. Ce qu’elle ose est inouï. Imaginez notre étonnement, notre peur si, dans ma génération de gentils ados des années 50 nous avions croisé cette jeune Suédoise furibarde. »

C’est bête et méchant, ridicule et injurieux envers Greta Thunberg, mais aussi pour toutes les petites Françaises dont Pivot a décrété qu’elles étaient coincées et les petites Suédoises prétendument toujours prêtes à se soumettre aux fantasmes de petits Français.

L’ironie n’est pas facile à manier, même quand on s’appelle Pivot. Et l’âge n’arrange rien.

Quant au président des Amis du Palais de Tokyo, un certain Bertrand Chenebault, il ne manie pas l’ironie du tout. Il ressasse les saloperies entendues jusque dans l’enceinte de l’Assemblée nationale et, pour se faire remarquer, il a rajouté un appel au meurtre :

« Je ne suis ni sourd ni idiot et j’entends ce que tous crient depuis une décennie. Mais la forme de cette folle rajoute une couche de haine dans notre société déjà fort agitée par de mauvais sentiments de toute part. Il faut l’abattreJ’espère qu’un désaxé va l’abattre »

Cela lui a valu une demande de démission de sa fonction par ses amis. La peine m’apparaît bien trop légère ; elle mérite au moins une poursuite pénale.

Ce genre de « tweet » est hélas quotidien et le concours du plus abject est permanent. Faut-il supprimer ce genre de réseaux sociaux (privant leurs propriétaires des milliards de recettes) ou simplement les boycotter ?

Sans jouer les pères la pudeur, réhabilitons les technologies numériques et encourageons une utilisation digne de leurs créateurs.