Le président polonais Andrzej Duda a mis son veto à une loi votée le 17 décembre dernier, limitant les participations des entreprises non européennes dans les médias de son pays.

La loi visait précisément la chaîne TVN24, propriété du groupe américain Discovery, très critique, et c’est surprenant, vis-à-vis du gouvernement et du parti Droit et Justice, le PIS.

Les restrictions des libertés fondamentales s’accélèrent en Pologne, la mise au pas des médias rejoignant la mise au pas de la justice. Le tribunal constitutionnel de Varsovie a contesté récemment la primauté du droit européen sur le droit national.

Les démocrates polonais (il sont encore nombreux) étaient descendus dans la rue pour contester ces atteintes à la liberté, ce qui a sans doute encouragé le président Duda à prendre sa décision ; encore faut-il relativiser cette dose de courage, sachant que le président américain a exercé une forte pression sur son homologue au nom de la solidarité des états membres de l’Otan, alors que les tensions sont fortes entre l’organisation atlantique et la Russie.

Néanmoins, ici, en France, on appréciera le geste du président polonais s’opposant à une loi liberticide sur les médias quand Emmanuel Macron multiplie, lui, les lois liberticides ou reste spectateur devant la démonstration de force de Vincent Bolloré, prenant le pouvoir dans le groupe Lagardère et transformant ses médias en autant de caisses de résonnance pour le fasciste Eric Zemmour.

Il faut remonter à la cohabitation Mitterrand-Chirac pour voir un président mettre son veto à une loi. Depuis la modification de la chronologie des élections présidentielle et législatives, le président peut compter désormais sur une majorité durant tout son mandat. Emmanuel Macron y a trouvé un terrain favorable à l’exercice d’un pouvoir absolu et autoritaire. Comme Le PIS.

Les situations ne sont pas identiques en Pologne et en France, le PIS est plus brutal que le pouvoir jupitérien, mais les institutions de la Ve République menacent gravement les libertés fondamentales. Si les moyens mis en œuvre pour réduire les libertés ne sont pas identiques, les finalités sont les mêmes : réduire la démocratie à une vitrine et étouffer les critiques pour favoriser les plus riches et leurs entreprises.