Je ne sais pas si son quotidien économique, par un effet psychanalytique, traduit la pensée profonde de Bernard Arnault, mais les Echos s’extasient, se félicitent, exultent, jubilent et, proches du délire, encensent l’ultra-libéralisme triomphant : le CAC 40 bat son record historique !

Le plumitif de service aux ordres du milliardaire écrit : « Il y a comme un air de fête sur les marchés en cette fin d’année. » Il explique : « Les indices boursiers sont repartis à l’assaut de leurs records en décembre, faisant fi de la déferlante Omicron. »

Les soignants dans les hôpitaux, eux, ne font pas la fête ; ils sont exténués et tirent le signal d’alarme une nouvelle fois. Les intermittents du spectacle eux non plus n’applaudissent pas aux annonces d’un gouvernement englué dans une politique favorisant l’économie au détriment de la santé, plus attentif à « ceux qui réussissent » qu’à « ceux qui n’ont rien ». Petits artisans, petits commerçants sont parfois à l’agonie.

Seuls les riches feront la fête pour le passage de la nouvelle année ; les gueux ne mangeront pas tous à leur faim pour le réveillon. En revanche, Les Echos avancent que « l’explosion du nombre de contaminations dans le monde n’a de toute évidence pas entamé l’appétit des investisseurs pour le risque, même si les volumes restent limités en cette période de fêtes. »

Le CAC 40, donc, a bondi de 29,3 % depuis le 1er janvier, malgré le ralentissement de la production économique puis son rebond. Les marchés sont insensibles à la misère humaine qui ne cesse de battre, elle aussi, des records. Les riches regardent les milliards accumulés et restent sourds aux revendications salariales qui s’expriment partout. Ils restent sereins : ils sont entendus par Emmanuel Macron et Les Echos vendent la mèche : « Il faut dire que les mesures prises pour contenir l’épidémie ne semblent pas de nature à remettre en cause la dynamique économique. »

Le CAC 40 pourra donc continuer à battre son record.

Combien de temps la fête durera-t-elle chez les riches, les actionnaires du CAC 40 ; il semble qu’un vent de fronde et de revendications se lève. Enfin.