Les milieux catholiques traditionalistes veillent, paraît-il, sur l’éducation des enfants. Les agités de la calotte et les grenouilles de bénitiers épluchent tous les livres destinés à instruire la jeunesse et à former des citoyens. Dans leurs établissements privés on éduque donc dans la plus pure tradition catholique, celle des valeurs chrétiennes occidentales immuables. 

En janvier dernier, des enseignants du collège Saint-François d’Assise à Montigny-le-Bretonneux avaient écrit à Gallimard pour s’offusquer d’une scène de tentative de viol d’une esclave dans l’œuvre de Paula Jacques, Blue Pearl. Aujourd’hui, c’est le lycée La Mennais à Ploërmel qui se distingue en retirant Triste Tigre de Neige Sinno (éditions P.O.L.) de sa bibliothèque.

Le roman en question est en lice pour tous les prix (Goncourt, Médicis, Femina et Goncourt des lycéens). Mais il heurte les bonnes âmes de ce lycée au prétexte qu’il traite de l’inceste.

Pour mémoire, Ploërmel n’avait pas de lycée public ; depuis la rentrée, le lycée Mona Ozouf concurrence La Mennais, au grand désespoir des catholiques (ils s’étaient distingués raillant le nom choisi pour ce lycée, sans savoir que Mona Ozouf était bretonne !). La censure de Triste Tigre ne serait-elle pas une nouvelle façon de se singulariser et de montrer ses différences avec le lycée du diable ?

Les réactionnaires ont trouvé un allié de poids en Gérald Darmanin qui a interdit à la vente le roman Bien trop petit (éditions Thierry Magnier).

Que penser d’un enseignement hors du temps, fermant les yeux sur la vie réelle et les dangers auxquels peuvent être exposés les petits enfants du siècle ?

Est-ce la même pudeur qui interdit de dénoncer les innombrables actes de pédophilie des prêtres ?

Pauvres lycéens, soumis à la bien-pensance !