En période de crise comme celle que nous vivons, certains éditorialistes s’en donnent à cœur joie et se délectent : ils retrouvent des couleurs à la CGT et se penchent sur le syndicat combatif.

Dominique Seux, l’inénarrable éditorialiste de tous les médias, s’interroge en ce jour de grève (massivement suivie) dans son quotidien habituel, Les Echos : « A quoi sert la CGT ? » Il éructe. La prochaine fois, il demandera peut-être l’interdiction de la CGT puisque, selon ce brillant esprit antisocial, elle ne sert à rien, sinon à semer la pagaille dans les transports.

Jean-Michel Apathie, qu’on voit également partout, est tombé en extase ; il écrit sur son compte Twitter : « Tiens, au fait, c’est la presse (Le Parisien, Le Monde, Capital) qui a révélé les cachotteries de Delevoye. Vous savez la presse aux mains des milliardaires qui désinforme les citoyens, selon le raisonnement fourbe des agitateurs de bazar. Etonnant, non ? »

Apathie est subjugué par Bernard Arnault, Patrick Drahi et Xavier Niel, et leur conception de l’indépendance rédactionnelle. Apathie ne se confond pas avec les agitateurs de bazar. Il n’y avait qu’un agité du bocal pour, dans un seul Tweet, vanter la liberté de la presse aujourd’hui en France et dénoncer ses petits camarades !

Autre spécimen de la fine fleur du journalisme, l’homme à l’écharpe rouge, Christophe Barbier, se permet parfois des prédictions fulgurantes. Hier matin, quelques heures avant sa démission, il expliquait pourquoi Jean-Paul Delevoye allait rester au gouvernement. 

Son analyse politique fine a valu à Barbier cette remarque de Samuel Gontier de Télérama : « J’attends avec impatience que Christophe Barbier prédise que le gouvernement ne retirera pas sa réforme. » Pan, sur le bec, comme dit le Canard enchaîné !

Le même Samuel Gontier, un des agitateurs de bazar, s’est distingué en épinglant une nouvelle fois la chaîne BFM TV, dont on ne dira jamais assez le parti pris : « Après “Grève, stop ou encore ?” mercredi dernier, BFMTV propose une nouvelle émission spéciale mardi prochain : “Grève, jusqu’à quand ?” Curieusement, la chaîne ne titre jamais “Réforme de retraites, stop ou encore ?” ni “Réforme des retraites, jusqu’à quand ?” »

Les brillants éditorialistes grassement payés par les milliardaires ne s’étonnent pas que le CAC 40 ait franchi hier la barre des 6000 points (un record depuis 2007) alors que la France est paralysée par de méchants grévistes, que le gouvernement perd son ministre de la réforme des retraites, que Bruno Le Maire revoit à la baisse les perspectives de croissance de l’économie en 2020, imité en cela par la Banque de France (qui est encore plus catastrophiste), etc.

Les grands esprits des médias de référence de la France seraient-ils passés à côté de cette information : les milieux financiers et les milliardaires ne s’inquiètent pas outre mesure de la poursuite des grèves, eux. Leurs affaires continuent à prospérer !