Peut-on mentir quand on est président de la République ?

Emmanuel Macron ose tout quand, à Bruxelles (pas à Paris), il déclare : « Nous faisons (cette réforme) parce que la France en a besoin. »

La phrase est définitive ; le président, seul, a raison et les millions de grévistes n’ont décidément rien compris à la pensée complexe de leur président. 

Peut-on mentir quand on est ministre des transports ?

Elisabeth Borne ose tout quand, sur la chaîne CNews de Bolloré, elle déclare : « Annoncer que l’on veut gâcher les vacances de Noël, je trouve ça irresponsable. »

Mensonge. Le secrétaire général des cheminots CGT n’a pas annoncé vouloir gâcher les vacances des Français. Il a seulement dit que si le gouvernement ne retire pas son projet de réformes, il y aurait des grèves durant les vacances.

Mme Borne n’a-t-elle pas conscience que le gouvernement auquel elle participe va gâcher, lui, les retraites de millions de Français.

Il y a parfois des phrases qu’il vaudrait mieux ne pas prononcer.

Peut-on mentir quand on présente un journal télévisé d’une chaîne de service public ?

Marie-Sophie Lacarrau ose tout quand, pour ‘’lancer’’ un reportage dans le métro parisien, elle déclare : « L’actualité, c’est aussi la grève qui se poursuit contre la réforme des retraites. 9e jour de mobilisation dans les transports, à la SNCF et à la RATP. De nombreux usagers mettent des heures pour aller travailler. Ils n’en peuvent plus. » (Le soir, le bandeau du journal de Laurent Delahousse se voudra moins provocateur : « Les usagers s’épuisent. »)

Mme Lacarrau, au bord des larmes, sait-elle que les grévistes se battent aussi pour sa retraite, qu’elle pourrait tout aussi bien lancer un sujet sur l’exaspération des cheminots (et des autres) épuisés par des luttes de tous les jours pour sauver le service public du rail et, peut-être, au bout du compte tous les services publics, y compris celui de l’audiovisuel (donc son travail) gravement menacé lui aussi.

Ces trois-là manifestent plus d’empathie pour les ‘’naufragés’’ de la grève que pour les soignants dans des hôpitaux au bord de la rupture, les enseignants, les pompiers, les sans-abri et combien d’autres.

Le quinquennat de Macron, c’est l’ère du mensonge pour sauver un système à bout de souffle qui sème le malheur, la précarité, la pauvreté au profit d’une caste de nantis.

Si Macron et Mme Borne sont dans leur rôle d’ardents défenseurs de ce système, Mme Lacarrau, elle, n’est pas dans son rôle quand elle se fait propagandiste.