Philippe Bernard, éditorialiste au Monde, publie aujourd’hui une brillante analyse de la situation aux Etats-Unis. Il rapporte que les Américains commencent à dessiller les yeux et à nommer l’idéologie de Trump par son nom, fascisme.

Il s’appuie pour cela sur des déclarations de Robert Paxton, historien du nazisme qui en octobre 2024 et de John Kelly, ancien chef de cabinet à la Maison Blanche, qui, le 5 novembre, « prévoyaient un exercice ‘’dictatorial’’ du pouvoir en cas de victoire » de Trump.

Certes, Paxton et Kelly ne représentent pas l’Amérique profonde ; mais quand même, il y a des paroles qui incitent à relativiser les inquiétudes.

Philippe Bernard, donc, appuie son propos sur l’ouvrage d’Olivier Mannoni, le traducteur français de Mein Kampf, ‘’Coulée brune. Comment le fascisme inonde notre langue’’, lequel écrit :

« Une langue dont on massacre la syntaxe, la grammaire et l’orthographe ne peut plus être un outil de réflexion rationnelleLe langage chaotique d’Hitler dans Mein Kampf, celui de Trump (…) ne sont pas, ou pas seulement, le fruit de [leur] incapacité (…) à formuler une pensée. Ce travail de démolition souterrain ronge le dialogue démocratique (…) et nous prive de nos moyens d’expression et le fait en prétendant nous rendre notre “liberté”. »

Le traducteur dit avoir retrouvé dans Mein Kampf « les racines de maux qui (…) [bouleversent] notre vie politique : l’usage de l’incohérence en guise de rhétorique, de la simplification extrême en guise de raisonnement, des accumulations de mensonges en guise de démonstration, d’un vocabulaire réduit, déformé, manipulé, en guise de langue ».

L’éditorialiste ajoute que le traducteur voyait « dans les propos de Trump promettant « d’éradiquer » la « vermine » (les opposants politiques) et de protéger le « sang américain » contre la « contamination » par celui des migrants un discours exterminateur et purificateur tout droit sorti du registre hitlérien. »

Il serait temps que tous les dirigeants politiques et les éditorialistes s’inspirent de ces lignes pour oser enfin nommer par son nom l’idéologie de Donald Trump.

La défense de la démocratie l’exige pour participer à la prise de conscience des citoyens soumis en permanence aux discours largement empruntés à l’idéologie de Trump. Les grands médias sont entre les mains des milliardaires mais les journalistes doivent revendiquer la liberté d’expression pour informer et prémunir des dangers.

L’émergence d’un fascisme américain ne s’arrêtera pas aux Etats-Unis ; la maladie est contagieuse. Bolloré et d’autres sont déjà atteints.