Le Monde a consacré une (excellente) série de reportages d’été aux ultra-riches. Ou plutôt sur leur mode de vie. Il n’a pas été dit comment les riches sont devenus ultra-riches et comment ces potentats, toujours plus avides de pouvoirs et de richesses, ont acquis ces immenses fortunes quand une grande partie des habitants de la planète souffre et ne mange pas à sa faim.

Les grands spéculateurs, eux, sont discrets ; les grands moyens d’information aussi qui ne se penchent que rarement sur les moyens légaux, mais plus souvent illégaux permettant aux ultra-riches de dormir sur d’immenses fortunes, dont le nombre de zéro donne le vertige.

Ils ont à leur disposition ce qu’ils appellent l’ingénierie financière pour dissimuler leurs trafics en tout genre, trop souvent à la limite du blanchiment d’argent sale ou de l’escroquerie.

En France, les salariés de Whirlpool à Amiens sont à la recherche de 10 millions d’euros d’aides qui devaient servir à relancer une activité dans leur usine vidée par un groupe qui a déménagé en Pologne. Aux Etats-Unis, un analyste financier prétend, lui, que General Electric a dissimulé 38 milliards de dollars (34,2 milliards d’euros) de pertes dans ses comptes.

Assurément, il s’agit là de faits délictueux, rarement mis au jour et jamais jugés. En revanche, les salariés, eux, paient le prix fort en étant réduits au chômage. Le fameux marché ne réagit pas : il n’entend rien et ne voit rien. Il est muet.

Le fameux marché qui devait assurer le bonheur sur terre à tous, à toutes les familles, ne se soucie pas de la détresse de ceux qu’il a plongé dans la misère et l’inactivité, dans l’angoisse du lendemain qui pousse les plus fragiles au suicide et déstabilise les couples et leurs enfants.

Le fameux marché a le regard tourné vers la bourse et se délecte des résultats toujours plus étincelants des retours sur investissements.

Une société de gestion américaine, Janus Henderson Investors, vient de publier une étude qui va réjouir les ultra-riches et gonfler un peu plus leurs bas de laine. Au deuxième trimestre, les dividendes versés aux actionnaires dans le monde ont battu un record : 514 milliards de dollars, en augmentation de 1,1 %. En trois mois seulement !

Les ultra-riches français font encore mieux avec une progression de 5,3 % à 51 milliards de dollars. Les entreprises françaises sont ainsi sacrées championnes d’Europe ; elles font mieux que l’Allemagne où les dividendes versés aux actionnaires (38,5 milliards) sont en baisse de 11 %.

Cela n’empêchera pas Macron de demander encore plus de sacrifices aux salariés. 

Ces faits devraient susciter des débats dans tout le pays et surtout dans les grands médias. Mais rien.

Les ultra-riches pourront continuer de se prélasser sur les leurs yachts démesurés, dans leurs châteaux somptueux, à dépenser des sommes folles pour assouvir leurs caprices les plus futiles, quand ceux qui travaillent pour eux regardent avec tristesse leur feuille de paie, constatant que leur travail est si mal récompensé, insuffisant pour vivre dignement.

Les politiciens dits libéraux et leurs médias étouffent ce qui devrait faire l’objet de débats dans toute la société. La plupart des ultra-riches sont des délinquants et devraient être poursuivis ; ils sont triomphants. Leurs agissements sont illégaux ou légaux mais opérés en toute discrétion ; ils ont l’assurance que le « business » va continuer impunément.