Si l’Assemblée nationale débat (ou feint) du partage de la valeur dans les entreprises, c’est pour éviter de débattre de la seule solution à l’inflation, l’augmentation des salaires. Mais aussi de l’égalité femmes/hommes et de la gouvernance des entreprises.
Emmanuel Macron accélère honteusement sa tentative de tourner la page de la réforme des retraites, tout en donnant satisfaction au patronat.
Le résultat n’est pas assuré pour autant, le pouvoir exécutif est rejeté par une majorité de Français ! Ce pouvoir minoritaire doit compter avec les ‘’veilleurs’’, ces citoyens et ces associations qui mettent courageusement le doigt sur ses turpitudes. Oxfam, par exemple, vient de publier un rapport accablant qui révèle que les grandes entreprises françaises cotées en bourse enregistrent d’énormes bénéfices. L’ONG les chiffre à 142 milliards en 2022, dont plus de la moitié (80,1 milliards) ont été versés aux actionnaires sous forme de dividendes, soit une hausse de 15,5 % par rapport à 2021. Le mépris pour les citoyens est contenu tout entier dans les chiffres ! Seuls les riches ont-ils le droit de se partager le fruit du travail de milliers de pauvres salariés ?
Gérald Darmanin, lui, fait le Matamore à Mayotte et vient poursuivre l’opération Wambushu (d’un mot mahorais qui signifie reprise, pour reprise en main). A des milliers de kilomètres de Paris, il tente lui aussi une opération politicienne. Dans ce département qui a voté à 59 % pour Marine Le Pen en 2022, il veut faire la démonstration que la France lutte contre l’immigration dite clandestine en s’en prenant à une population parmi les plus pauvres de la planète : il rase des bidonvilles en jetant ceux qui n’ont que cela pour s’abriter dans la nature, réalisant la honteuse tâche qu’il n’ose pas faire en métropole.
Les manœuvres sont coordonnées par un président et un gouvernement aux abois. Il s’agit de mettre en acte ce que Darmanin osait déclarer en 2021 : « Je trouve Marine Le Pen un peu branlante, un peu molle. » Macron et son gouvernement font preuve de fermeté en matière sociale, cultivent les peurs ancestrales et dotent le pays d’une législation de plus en plus répressive. Leur ultralibéralisme est, quoi qu’ils s’en défendent, ouvertement teinté de lepénisme.
Pendant ce temps-là, les oligarques français ont fait main basse sur tous les grands médias et relaient la politique anti-démocratique, avec toutes les nuances de l’extrême droite : Bolloré a choisi le camp de la droite catholique intégriste proche de Zemmour et de Marion Maréchal, Arnault lui s’est rangé aux côtés de Macron, Bouygues se situe entre les deux, etc. Mais tous sont en guerre contre le progrès social, contre les citoyens au genre non stéréotypé, contre les services publics, pour une politique de réarmement belliciste. Aucun d’eux n’a un mot pour dénoncer les risques de l’arrivée au pouvoir de la fille du tortionnaire raciste Jean-Marie Le Pen en 2027. Ils dictent une ligne éditoriale réactionnaire à ‘’leurs’’ rédactions asservies. L’attitude de Bolloré au JDD n’est pas un cas isolé, hélas.
Cette montée de l’extrême droite en France est aussi inquiétante que celle qui surgit en Allemagne, avec l’accession au pouvoir d’une AfD radicale dans le Landkreis de Sonneberg en Thuringe avec une participation électorale en hausse.
Tous, oligarques, président de la République, gouvernement, médias colonisés par les oligarques et partis politiques (de droite ou ceux qui se prétendent du centre) jouent avec le feu en toute connaissance de cause ; sans états d’âme.
Certes, ce n’est pas encore ‘’Plutôt Hitler que le Front populaire’’ ; le contexte est différent, mais qu’arrivera-t-il si les ‘’veilleurs’’ baissent la garde et si la gauche ne se réveille pas.