Nanni Moretti est un survivant d’un cinéma italien qui occupait une place considérable dans le monde jusque dans les années 1980. Son œuvre est celle d’un authentique résistant à la politique de Berlusconi et digne de ses devanciers, Fellini, Visconti, de Sica, etc. Un grand réalisateur du cinéma mondial.
A l’occasion de la sortie de son dernier film, Vers un avenir radieux, il est revenu dans plusieurs médias sur les ravages provoqués par le ‘’berlusconisme’’ : « Avec ses télévisions commerciales des années 1980, avant même d’avoir commencé la politique, il a imposé à beaucoup de téléspectateurs et de citoyens une façon d’être, des habitudes. », dit-il à L’Humanité.
Il ajoute : « Il a construit un empire médiatique parce qu’il n’y avait pas de lois antitrust, et il est arrivé à passer du médiatique au politique parce qu’il n’y avait pas de réglementation efficace sur les conflits d’intérêts. Et, dans une certaine mesure, Meloni et Salvini sont les enfants de cette façon de faire de la politique. »
Et, dans le Monde, il s’étonne des hommages rendus au Cavaliere après son décès : « Le deuil national, pour un homme qui a toujours méprisé les règles, m’a semblé absolument déplacé. »
Au moment où Vincent Bolloré prend le contrôle du groupe Lagardère et continue à ‘’coloniser’’ les rédactions de son empire, il faut entendre Nanni Moretti. Les lois anti-concentrations en France sont désuètes et insuffisantes comme le prouvent les rachats successifs d’un Bolloré qui, comme Berlusconi, veut imposer ses options idéologiques à ses rédactions pour les instiller dans l’esprit des citoyens.
La seule différence entre Berlusconi et Bolloré, c’est que le second n’a pas besoin de s’engager en politique pour imprimer son idéologie comme l’a fait le premier. La période est différente et le libéralisme dans lequel le premier construisait son empire est largement supplanté par l’ultralibéralisme ambiant que Sarkozy, Hollande et Macron ont conforté par une série de remises en cause des acquis de la Résistance et du CNR. Aujourd’hui, les inégalités sont telles que le RN de Le Pen (si proche des options de Bolloré et vice-versa) recueille allègrement les bulletins de vote des milliers de désespérés de la République sociale.
Merci à Nanni Moretti et vive le cinéma!