« Mon rituel du dimanche, c’était de me réveiller avec le JDD. Aujourd’hui il ne paraît pas. Je comprends les inquiétudes de sa rédaction. En droit, le JDD peut devenir ce qu’il veut, tant qu’il respecte la loi. Mais pour nos valeurs républicaines comment ne pas s’alarmer ? »

La ministre de la culture, Rima Abdul Malak, a de curieux réveils le dimanche ! Bon, on ne peut pas lui faire un procès d’intention ; au nom des valeurs républicaines, dont elle s’alarme, elle peut préférer le JDD à L’Humanité dimanche. Mais en tant que ministre de la culture, elle pourrait avoir la curiosité de lire toute la presse et participer, ainsi, à la défense du pluralisme (ou ce qu’il en reste, hélas). 

Quand le JDD était le journal très officiel de la Macronie, qu’apprenait-elle de la situation de la culture et de la communication en France ? Rien, le JDD était univoque ; mais, demain, quand il sera l’organe officiel de la droite la plus extrême, celle de Zemmour, Marion Maréchal, Marine Le Pen, Eric Ciotti, etc., elle découvrira peut-être que le pluralisme a des vertus et qu’il aurait été important de légiférer pour permettre l’expression de la diversité des idées, plutôt que d’abandonner les médias entre les mains (et les milliards) des agitateurs des peurs ancestrales, de la haine ordinaire envers les peaux basanées et les citoyens d’un genre non stéréotypé.

En nommant Geoffroy Lejeune à la direction du JDD, la famille Bolloré ne transgresse pas la loi, elle défend ‘’ses’’ valeurs (qui n’ont rien de républicaines).

La ministre serait dans son rôle de garante des valeurs républicaines de se réveiller chaque jour (et pas seulement le dimanche) en imaginant des lois garantissant la liberté d’expression de toutes les idées.

C’est peut-être beaucoup demander à Mme Rima Abdul Malak ; son rituel du dimanche, c’est de se réveiller avec le JDD quand la situation dans les médias et dans les secteurs de la culture devrait l’empêcher de dormir.

Le JDD ne peut pas devenir ce qu’il veut, comme elle le prétend ; il participe à l’information de citoyens qui ont droit à une information complète, vérifiée et mise en perspective et non aux Croisades de la famille Bolloré.

Mme Abdul Malak aurait pu rappeler à la famille Bolloré que le respect du public et des lecteurs n’est pas qu’un slogan ! Mais cela aurait nécessité un peu de courage politique.