Le 7/9 de France Inter tient, paraît-il, le haut du pavé radiophonique. Si l’on en croit les sondages, foutus sondages, c’est la radio la plus écoutée sur cette tranche horaire.

Le tandem Nicolas Demorand – Léa Salamé s’est extasié de cette réussite, s’attribuant tous les mérites, passant sous silence ses interviews complaisantes des grands autoproclamés de la Macronie et ses interviews vachardes des syndicalistes de combat et des politiques de gauche.

A écouter le duo, ils auraient décroché leur troisième étoile au Michelin de l’information. En toute modestie.

Où il est prouvé que nul n’est parfait !

Le journal de 8h de Florence Paracuellos est présenté comme un modèle du genre et une des clés de la réussite du 7/9. Ce jour, la journaliste-présentatrice a malmené la hiérarchisation de l’information. Sur le service public.

L’information du jour, donc, celle qui ouvre le journal ? La perte de sa troisième étoile par le restaurant de Paul Bocuse. Ce qui a valu aux auditeurs une longue intervention du critique gastronomique de France Inter.

Alors que la terre brûle, de l’Australie au Brésil, en passant par la Sibérie et l’Afrique centrale ; alors que la France du travail refuse depuis plus de quarante jours la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, alors que la guerre fait des victimes dans de nombreux pays comme la Syrie ou le Yémen ; alors que la pauvreté ne cesse de toucher de plus en plus de citoyens, y compris des salariés appelés travailleurs pauvres, dans toute l’Europe, il faudrait s’émouvoir de la perte de sa troisième étoile par le restaurant Paul Bocuse.

Nicolas Demorand, Léa Salamé et Florence Paracuellos prendront-ils la tête d’une puissante manifestation pour le rétablissement de sa troisième étoile ?

Mais qui fréquente ce restaurant ? Quel crédit accorder au trop fameux Guide Michelin ? Silence radio.

Les manifestants de la région lyonnaise se contentent, eux, d’un sandwich merguez-frites ; leurs revenus ne leur permettent même pas de rêver à une table d’un ‘’trois étoiles’’. Surtout après des grèves qui vont amputer leur maigre salaire, les gens qui n’ont rien ne rêvent même plus, leurs poches sont vides.

Le petit peuple de France a une faim de loup, mais d’information vraie, pas de cuisine pour riches spéculateurs et patrons qui font payer l’addition à leur entreprise, pour bobos m’as-tu vu et pour petits-bourgeois en recherche de notoriété. Le petit peuple vient de le signifier dans un autre sondage, celui de la Croix, sa défiance envers les journalistes ; elle est grandissante et inquiétante.

Les résultats de France Inter sont comme les étoiles du Michelin, parfois filantes. Surtout si les chefs ont dénaturé la recette de l’information citoyenne, vérifiée, hiérarchisée, complète et mise en perspective.