Le prodigieux et immense auteur de Cent ans de solitude, Gabriel Garcia Marquez, était un passionné de cinéma. Rappelons rapidement qu’il a été l’un des fondateurs de L’Ecole internationale de cinéma et de télévision de Cuba et qu’il a créé la Fondation pour un nouveau cinéma latino-américain. Il a également écrit les scénarios de plusieurs films et été membre du jury au Festival de Cannes en 1992.
Ses romans ont fait l’objet de plusieurs adaptations grâce à son style si imagé ; Francesco Rosi a mis à l’écran, par exemple, Chronique d’une mort annoncée et Emir Kusturica a emprunté à l’écrivain du réalisme magique de nombreuses scènes de plusieurs films.
Gabo, son surnom, était un écrivain engagé, dont les combats contre l’impérialisme américain, pour le socialisme, pour la paix étaient déterminés et profonds. Il fut très proche aussi de Fidel Castro. Il a été Interdit d’entrée sur le territoire des Etats-Unis en 1961 parce que considéré comme ‘’agent de propagande au service de la direction de l’intelligence de Cuba’’, pendant vingt ans ; Bill Clinton, son fervent admirateur, a pris la décision dès son élection.
Gabo aurait-il donné son accord à l’adaptation de son roman Journal d’un enlèvement par Amazon, qui plus est sous forme de feuilleton en six chapitres d’une heure ? J’en doute.
Ses combats contre les multinationales et contre l’impérialisme économique et culturel des Etats-Unis, ici symbolisés par la firme de Jeff Bezos, ont trop scandé sa vie et sa carrière pour envisager un tel retournement. Hélas, la plateforme a pu se permettre de déclarer : « Nous sommes incroyablement fiers de l’incroyable distribution et du talent derrière cette série et c’est excitant d’avoir le soutien de Rodrigo Garcia, qui nous aidera à transmettre l’héritage de son père à des millions de clients Prime Video à travers le monde.»
Rodrigo Garcia, le fils de Gabo, a-t-il cédé les droits de l’œuvre du prix Nobel 1982, pour une poignée de dollars aux ennemis jurés de son père ? La question est pertinente.