Martin Griffiths est un diplomate britannique chevronné. C’est la raison pour laquelle il a été nommé secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU par Antonio Gutteres.
Quand il déclare que Gaza est tout simplement devenue inhabitable, il a pesé ses mots. Sa dernière déclaration qui date du 4 janvier est sans équivoque. Martin Griffiths appelle à la paix non sans avoir condamné sans équivoque les bombardements israéliens.
Je relaie sa déclaration, car elle est aussi un appel à la communauté internationale pour faire pression sur tous les gouvernements. Et parce que les médias n’en ont retenu que la formule-choc : Gaza est tout simplement devenue inhabitable, alors que tous les autres arguments ont été passés sous silence.
« Trois mois après les horribles attentats du 7 octobre, Gaza est devenue un lieu de mort et de désespoir. Des dizaines de milliers de personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été tuées ou blessées. Les familles dorment dehors alors que les températures chutent. Les zones où les civils devaient se déplacer pour leur sécurité ont été bombardées. Les installations médicales sont constamment attaquées. Les rares hôpitaux partiellement fonctionnels sont submergés de cas de traumatologie, manquent cruellement de fournitures et sont inondés de personnes désespérées en quête de sécurité.
Un désastre de santé publique se prépare. Les maladies infectieuses se propagent dans les abris surpeuplés à mesure que les égouts débordent. Quelque 180 femmes palestiniennes accouchent chaque jour dans ce chaos. Les gens sont confrontés aux niveaux d’insécurité alimentaire les plus élevés jamais enregistrés. La famine approche. Pour les enfants en particulier, les 12 dernières semaines ont été traumatisantes : pas de nourriture. Pas d’eau. Pas d’école. Rien que les bruits terrifiants de la guerre, jour après jour. Gaza est tout simplement devenue inhabitable. Sa population est quotidiennement confrontée à des menaces qui pèsent sur son existence même – sous le regard du monde entier. La communauté humanitaire se retrouve confrontée à la mission impossible de venir en aide à plus de 2 millions de personnes, alors même que son propre personnel est tué et déplacé, que les coupures de communication se poursuivent, que les routes sont endommagées et que les convois sont visés par les tirs, et que les fournitures commerciales vitales pour la survie est quasiment inexistante. Pendant ce temps, les tirs de roquettes contre Israël se poursuivent, plus de 120 personnes sont toujours retenues en otages à Gaza, les tensions en Cisjordanie bouillonnent et le spectre d’un nouveau débordement régional de la guerre se rapproche dangereusement.
L’espoir n’a jamais été aussi insaisissable. Gaza nous a montré le pire de l’humanité, ainsi que des moments de grand héroïsme. Nous avons vu comment la violence ne peut pas résoudre les différends, mais ne fait qu’enflammer les passions et créer de nouvelles générations de danger et d’insécurité.
Nous continuons d’exiger la fin immédiate de la guerre, non seulement pour la population de Gaza et de ses voisins menacés, mais pour les générations à venir qui n’oublieront jamais ces 90 jours d’enfer et d’attaques contre les préceptes les plus fondamentaux de l’humanité. Il est temps pour les parties de remplir toutes leurs obligations en vertu du droit international, notamment de protéger les civils et de répondre à leurs besoins essentiels, et de libérer immédiatement tous les otages. Il est temps que la communauté internationale utilise toute son influence pour y parvenir. Cette guerre n’aurait jamais dû commencer. Mais il est grand temps que cela se termine. »
Il est grand temps que la France se saisisse des paroles de Martin Griffiths pour condamner les bombardements d’Israël et, plus encore, imite l’Espagne qui appelle l’Union européenne à reconnaître la Palestine.
Emmanuel Macron, discrédité, trouverait par ce geste un moyen de réhabiliter la diplomatie française.