Ou comment un problème de société, à savoir les risques engendrés par l’usage des outils numériques par les enfants, devient une vache à lait pour Google, avec la bénédiction du gouvernement.

Le ministère de l’éducation nationale a été très critiqué, à juste titre, par les milieux enseignants et d’autres, pour avoir signé des contrats avec Microsoft et privilégié les logiciels payants plutôt que les logiciels libres (il y en a à foison, malgré le peu d’aides des pouvoirs publics).

Aujourd’hui, c’est le secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles, Adrien Taquet, qui est chargé de la campagne publicitaire de Google pour « prémunir nos enfants contre les dangers du numérique pour éviter qu’ils ne s’y perdent, et ainsi leur apprendre à développer des usages qui leur permettent de devenir, demain, des citoyens épanouis et responsables ».

Adrien Taquet, dont le nom est ignoré de la grande majorité des Français, signe ces quelques mots, extraits de l’éditorial d’une petite brochure publicitaire distribuée aux abonnés de Télérama et dont le titre est alléchant pour qui est inquiet : « Bien vivre le numérique en famille ».

La brochure est évidemment trompeuse et pas seulement son titre, comme toute publicité. Pour faire plus vrai, les promoteurs de l’opération ont convoqué l’Union nationale des associations familiales (UNAF), l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (Open) et, donc, le gouvernement, avec sa plateforme ‘’jeprotegemonenfant.gouv.fr’’.

Il faut attendre les deux dernières pages pour savoir que l’outil de contrôle familial proposé, Family Link, est une « application de Google, disponible sur Google Play et téléchargeable dans l’App Store, nécessitant un compte Google ».

Après Microsoft, Google. Faut-il s’en étonner quand le président d’une République ‘’start-up nation’’ reçoit régulièrement les géants de la Tech à l’Elysée. Le sommet (sic) Tech for Good, par exemple, est un ensemble de tables rondes sur le travail, l’éducation et l’inclusion. Choose France est présenté comme le forum des grands investisseurs étrangers ; Emmanuel Macron s’y réserve des entretiens bilatéraux avec les grands dirigeants de Google, Microsoft, Netflix, Facebook, Amazon, etc.

Google peut dire merci à Emmanuel Macron et à Adrien Taquet. Les chercheurs français qui travaillent sur des logiciels libres, eux, n’ont-ils plus d’autre horizon que d’envoyer leur CV aux GAFA ?

Quant aux lecteurs de Télérama, sensibilisés aux dangers des géants des technologies numériques par les journalistes de l’hebdomadaire, ils sont déboussolés et en colère !