Un décret du 20 octobre dernier a dissous l’association ‘’Coordination contre le racisme et l’islamophobie’’. De nombreuses associations et syndicats se sont insurgés contre la décision gouvernementale, rappelant « qu’il nous appartient – et à nous seuls – de décider si nous voulons, ou non, dénoncer et combattre, parmi d’autres discriminations et stigmatisations, cette injustice particulière nommée islamophobie. »

Les signataires d’un communiqué commun déclare ensuite « Nous continuerons à choisir librement l’objet de nos combats ainsi que les termes que nous considérons pertinents pour analyser l’état de la société et critiquer les politiques comme les pratiques des pouvoirs publics. Nous revendiquons le plein exercice de la liberté d’opinion, qui inclut la libre contradiction et exclut toute police des idées. Nous entendons, tout simplement, que soit respectée la liberté d’association. »

Les associations ont en effet lu avec attention les considérants du décret. Pour le gouvernement « sous couvert de dénoncer des actes d’islamophobie, la CRI distille par ses publications en ligne et l’instrumentalisation de tout évènement mettant en cause des personnes de confession musulmane ou affectant, d’une manière ou d’une autre, l’image de l’islam, un message incitant à percevoir les institutions françaises comme islamophobes, alimentant ainsi un soupçon permanent de persécution religieuse de nature à attiser la haine, la violence ou la discrimination envers les non-musulmans. »

Elles ont alerté les citoyens sur les dangers du décret : « Des associations sont dissoutes par le gouvernement au motif absurde que dénoncer une injustice ce serait justifier rétrospectivement – ou se rendre complice par avance – des actes violents, voire des actes de terrorisme, que d’autres ont commis ou commettront peut-être un jour en invoquant cette même injustice. »

Elles en tirent la conclusion que « une addition de présupposés, d’hypothèses et de supputations permet d’affirmer qu’une association ‘’doit être regardée comme cautionnant’’ des propos provoquant à la violence ou à la discrimination et que cette prétendue caution suffit elle-même à caractériser des ‘’agissements’’ de provocation à la violence ou à la discrimination, seuls susceptibles de justifier une dissolution. »

Le ministre de l’intérieur à l’origine du décret n’a été rappelé à l’ordre ni par le président de la République, ni par le premier ministre. On peut en conclure qu’il s’agit donc d’une nouvelle régression de nos libertés fondamentales et d’une décision nous entraînant à bas bruit vers un état autoritaire.

Emmanuel Macron vient de donner un gage supplémentaire à la droite la plus réactionnaire. Un acte grave qu’il ne faudra pas oublier le moment venu.