La réponse est lapidaire, c’est non !

La question était posée par Les Cahiers du cinéma du mois de mars ; elle est d’autant plus d’actualité après la cérémonie des Oscars lundi dernier, qui a vu Coda désigné comme le meilleur film de l’année.

L’histoire de Coda (acronyme de Child of Deaf Adult, ou Enfant entendant de parents sourds) est singulière puisqu’il s’agit du ‘’remake’’ du film franco-belge d’Eric Lartigau, La famille Bélier, sorti en France en 2014.

Les Américains n’aiment pas les films doublés ou sous-titrés et ils n’hésitent pas à acheter les droits de films à succès pour réaliser des films très américains. Merci pour le respect de l’exception culturelle ! D’autant plus qu’eux n’hésitent pas à inonder nos écrans et nos salles de leurs productions doublées ou sous-titrées.

Les spectateurs américains ne verront donc ni Karin Viard, ni François Damiens, ni Louane Emera, ni Eric Elmosnino, mais Emilia Jones, Marlee Matlin, Troy Kotsur et Eugenio Derbez. L’action ne se déroulera pas à la campagne, dans une ferme laitière, mais dans une ville de pêcheurs du Massachusetts.

On ne verra peut-être jamais Coda au cinéma sur un grand écran, puisque les droits de distribution pour le monde entier ont été acquis par AppleTV+ pour 25 millions de dollars (soit 2,5 fois le budget du film) ; d’ailleurs les Oscars 2022 ont fait la part belle aux films produits par les plateformes : 14, dont 6 de Netflix, 4 de Disney+, 2 de Prime Video et d’AppleTV+. Cruelle défaite pour Hollywood !

Les plateformes de streaming font courir un réel danger au cinéma et à la culture en général. Regarder un film sur un terminal mobile branché sur Netflix ou sur Prime Video, tête baissée, dans le train, le métro ou à son domicile, quelle aberration. La culture qui rassemble est à l’agonie, terrassée par les algorithmes qui pensent à votre place et choisissent le film ou la série qui correspond à votre profil. La tendance a fait écrire à Annie Le Brun dans Télérama : « Les algorithmes ne vous proposent plus que des contenus qui flattent vos goûts ou confirment vos opinions, vous faisant ainsi entrer malgré vous dans des groupes virtuels, des communautés, partageant vos choix. »

Hollywood ne rêve plus et nous non plus : les GAFA nous volent nos rêves et notre imaginaire.