Il est quand même curieux que le Sénat, majoritairement à droite toute (comme le candidat-président) ait enquêté pendant quatre mois sur l’influence croissante des cabinets privés sur les politiques publiques. Il faut que le phénomène ait atteint un niveau tellement scandaleux pour que des élus proches des milieux d’affaires et, par ailleurs, pourfendeurs des fonctionnaires parlent de « phénomène tentaculaire » et d’une trop grande pression sur les politiques publiques.
Le rapport estime que les dépenses de l’Etat en 2021 en prestations de conseils de cabinets privés, tels McKinsey, ont coûté un milliard d’euros. Il dénonce, surtout, la place réduite de l’autorité publique face aux orientations stratégiques préconisées par les consultants privés. Pour les sénateurs, le recours aux consultants est devenu un « réflexe », notamment quand il s’agit d’envisager de grandes réformes ou de la gestion de la crise sanitaire : approvisionnement, stockage et distribution des masques, conseils de relations avec la presse ont été sous-traités. Le rapport souligne encore que le cabinet McKinsey s’est vu confier quatre missions en un an concernant la vaccination.
Le rapport dénonce le « poids dans la décision publique » des cabinets privés et s’en inquiète. Les sénateurs ont-ils eu une lueur de sagesse ; on ne remerciera néanmoins que mollement ceux qui ont attendu le dévoilement du scandale McKinsey pour réagir (quand l’Assemblée nationale, elle, reste muette).
Les sénateurs de droite ne font pas le lien entre la politique de droite du gouvernement, la réduction du nombre de fonctionnaires (entre 3500 et 4000 à la seule Direction générale des finances publiques) et l’évasion fiscale, dont il me semble que le phénomène est lié.
En effet, on a appris que le cabinet McKinsey, omniprésent et grassemment rémunéré, n’avait pas payé d’impôt en France depuis une dizaine d’années ! L’évitement du cabinet américain dont le siège est situé dans le Delaware, un paradis fiscal, n’est qu’une goutte d’eau dans cette formidable évasion dûe à la fraude des grandes entreprises. Les partis de gauche et les associations comme ATTAC ou Oxfam, estiment l’évasion fiscale à 80 milliards d’euros par an.
Un non problème pour Macron, un scandale d’Etat pour les Français !