Christine Renon était directrice l’école maternelle Méhul à Pantin. Elle a écrit une lettre dans laquelle elle explique pourquoi elle a choisi ‘’son’’ école pour sa fin de vie, lettre pleine de retenue et pudeur. Mais terrible accusation mettant au jour le malaise de ceux qui enseignent 

Elle l’a signée « une directrice épuisée », mais quelle grandeur dans ces trois pages où elle accuse l’éducation nationale et ceux qui en ont la charge de l’avoir poussée à attenter à ses jours :

« En rien l’école l’est responsable de cela, mes collègues et moi-même faisons de notre mieux pour la sécurité des enfants. Mais les directeurs sont épuisés ! »

Elle poursuit en dressant un constat terrible :

« Je dois dire aussi que je n’ai pas confiance au soutien et à la protection que devrait nous apporter notre institution, d’ailleurs, il n’y a aucun maillon de prévu, les inspecteurs de circonscription ont probablement encore plus de travail que les directeurs et la cellule de crise quelle blague ! »

Elle termine sa lettre en s’excusant du « mal être qui va suivre suite au choix du lieu de ma fin de vie » :

« Je remercie les parents d’élèves élus qui ont toujours été là. Je remercie les parents en général. Je remercie mes collègues directeurs. Je remercie mes collègues pour leur travail avec leur classe, particulièrement (…) et bravo les nouveaux arrivants ! Je remercie les enfants qui ont fréquenté et qui fréquentent l’école. Je remercie aussi les nombreux animateurs avec qui nous échangeons des bonjours cordiaux. Je remercie l’institution de ne pas salir mon nom. »

Christine Renon est partie dignement, mais épuisée et désabusée.

Le ministre, Jean-Michel Blanquer, si prompt à démolir l’école de la République, n’a pas sali son nom, certes, mais jusque-là il a ignoré le geste de celle à qui son administration avait la responsabilité de donner tous les moyens pour une véritable école de la réussite.

La psychologue Marie Pezé a confié à slate.fr :

«Je vois à travers ce geste un gâchis absolu, une intelligence sacrifiée. C’est une personne qui avait à cœur son travail, qui était portée par son sens du devoir, comme beaucoup de fonctionnaires, avec une haute idée du service publicNous avons affaire à un suicide dédicacé, un message qui a une dimension politique, et l’Éducation nationale doit rendre des comptes.»

Blanquer n’y est pas prêt ; comme Macron, il ne cède jamais rien et n’entend pas les revendications. Pas même le suicide d’une enseignante sur son lieu de travail. Sa seule réponse a été de créer un comité de suivi sur la fonction de directeur d’école.

C’est juste scandaleux.