« Moi, je n’adore pas le mot de pénibilité, parce que ça donne le sentiment que le travail c’est pénible. »

Que celui qui a osé une telle ineptie aille travailler une journée seulement chez Amazon, ou dans le bâtiment ; ou bien encore avec des sans papiers dans une pizzeria ; ou avec des femmes de ménage (la plupart sans papiers, elles aussi) dans un hôtel dit de prestige !

« Rien ne justifie la violence envers un élu de la République, sinon on aura des menaces sous prétexte qu’un élu n’a pas voté ceci ou cela, on sera légitime pour leur casser la devantureJe l’ai dit ce matin très clairement aux représentants du monde agricole, non seulement je le condamne, mais, pour moi, c’est une attitude qu’ils devraient eux-mêmes condamner officiellement. Les grands syndicats agricoles ne peuvent pas cautionner cela, je comprends la colère, mais les problèmes on ne va pas les régler comme ça, c’est anti-démocratique et antirépublicain. »

Celui qui parle ainsi en utilisant en permanence le ‘’Moi’’ ? C’est le président de la République, Emmanuel Macron, toujours aussi égocentrique, cassant et donneur de leçon. Il ne sait pas se retenir d’être désagréable. C’était cette semaine, à Rodez pour le grand débat (sic) sur les retraites, puis à Cournon-d’Auvergne au Sommet de l’élevage. Emmanuel Macron était venu à Cournon tancer les agriculteurs qui avaient expulsé deux députés de la manifestation pour avoir voté l’adoption de l’accord commercial entre l’Union européenne et le Canada, le CETA.

Il s’est fait brocarder par de nombreux citoyens qui n’en peuvent plus de ces saillies quasi quotidiennes et désobligeantes, indignes de la fonction présidentielle.

Je trouve assez bien sentie cette remarque en réponse à la pénibilité du travail :

« La petite phrase typique du mec qui a jamais bossé de sa vie. »

Quant aux syndicats agricoles, ils ont réagi vertement :

« Les éleveurs n’en peuvent plus de voir certains députés nous expliquer que cela nous ferait du bien de voir arriver sur le marché français 65.000 tonnes de viande canadienne, produite avec des substances interdites en Europe, et ce, alors que nous n’arrivons pas à vendre la notre à des prix corrects. »

L’auteur de la réponse n’avait pas manqué d’ajouter que l’un des députés visés par la colère des agriculteurs, M. Jean-Baptiste Moreau, était lui-même paysan et que le second, M. Roland Lescure, représentant des Français de l’étranger, vit au Canada.

Le journaliste de la Dépêche du Midi, assistant au débat de Rodez sur la réforme des retraites, est tombé sous le charme du président des riches :

« Un art consommé du dialogue en détente, en confiance, en séduction. Il garde sa veste, sa main gauche scande ses arguments. Les exemples fusent pour convaincre, expliquer à tout le moins le sens des choses, sans jamais faiblir. Fermeté dans les réponses quand un interlocuteur plaide pour le maintien de son régime spécial, ou quand une apostrophe politique se fait un peu trop agressive. Virulent parfois, rassurant toujours. Le public suit ce tourbillon des échanges conjugué ici ou là sur le ton de la complicité et rythmé par quelques rires francs. Deux heures de dialogue au compteur, on n’a pas vu le temps passer. »

Un beau morceau de bravoure journalistique dans le genre cirage de pompes ! Il ne manque qu’une phrase pour noter que le président qui n’aime pas le mot de pénibilité n’était même pas fatigué !

Le journaliste recevra sans doute une récompense de son patron, Jean-Michel Baylet, qui doit attendre un retour en remerciement de ce grand moment éditorial.

S’étonnera-t-on du divorce grandissant des citoyens et des médias ?