L’équipe suisse de football a éliminé la prétendue ‘’meilleure équipe du monde’’ de l’Euro 2021 ; la France fait grise mine et rentre plus tôt que prévu de Bucarest.

Si la Suisse n’a pas la meilleure équipe du monde, ses joueurs ont néanmoins donné une leçon de courage, de volonté et d’intelligence tactique à une équipe tourneboulée par un sélectionneur dont on ne dénoncera jamais assez les lacunes.

Le football-business dicte sa loi et Didier Deschamps en applique tellement toutes les contraintes qu’il dénature le jeu d’une équipe composée de certains des joueurs les plus doués de leur génération. En Roumanie, il a voulu innover sur le plan tactique quand rien ne le justifiait. Curieusement, la pression du fric avait été évacuée de la tête des joueurs et de l’entraîneur de l’équipe représentant du coffre-fort de l’Europe ! Et c’est tout logiquement que la Suisse a éliminé la France.

On dissertera longtemps sur le tir au but raté de Kylian Mbappé, encore un gamin, de qui on attend beaucoup et trop, en lui demandant des exploits personnels à chaque match quand le football est un jeu collectif.

France Culture avait publié le 25 juin un article prémonitoire sur ‘’L’angoisse du joueur de football au moment du pénalty’’, rendant compte d’une étude initiée par des chercheurs de l’université de Twente aux Pays-Bas sur l’activité neuronale.

Les chercheurs notent que « Les coups de pied de réparation sont un phénomène très étrange. Les meilleurs footballeurs, avec une technique de frappe parfaite, échouent soudainement à 11 mètres de distance, alors que cela devrait en fait être quelque chose de très simple ».

Pierre Ropert, journaliste à France Culture, résume ainsi les résultats de l’étude : « les données récoltées ont permis de mettre en lumière plus précisément ce qui amène à frapper la barre ou le poteau plutôt qu’à mettre le ballon au fond du filet. Lorsque les joueurs étaient moins angoissés, c’était le cortex moteur, c’est-à-dire, les aires du cortex cérébral qui participent à la planification et à l’exécution des mouvements du corps, qui était le plus stimulé. “Une activation accrue du cortex moteur était liée à la performance sous pression, explique le Dr Nattapong Thammasan, un des co-auteurs de l’étude. Cela semble logique, car le mouvement est l’un des éléments les plus importants lors de l’exécution d’un penalty”. A l’inverse, quand un joueur ratait un penalty, c’est une zone non-pertinente qui s’était activée : le cortex préfrontal, qui est plutôt consacré à la réflexion à long terme. “Comme le cortex temporal gauche est lié à l’auto-instruction et à l’autoréflexion, cette activation accrue indique que les joueurs expérimentés réfléchissent trop à la situation et négligent leurs compétences automatisées”, écrivent les auteurs de l’étude. Ironie du sort : ce serait donc quand les joueurs de football réfléchissent trop, qu’ils en viennent à hésiter et finissent par échouer à la tâche… quand ils devraient en réalité faire confiance à leurs automatismes. »

La pression sur Kylian Mbappé au moment du pénalty a sans doute été trop forte pour faire confiance à ses automatismes. Qu’en pense le pauvre sélectionneur ?

La faute doit être imputée à Didier Deschamps, pas à Kylian Mbappé, dont on espère seulement que son geste ne lui causera pas un traumatisme tel qu’il pourrait entraver la brillante carrière qu’on lui prédit. D’autres avant lui ont porté comme une croix un geste raté tel que le sien. Kylian Mbappé doit relativiser, le football n’est qu’un jeu qui doit procurer du plaisir ; il ne devrait être ni la guerre, ni un business.

Et, ‘’Hop, Suisse’’.