Bertrand, Wauquiez et Pécresse pérorent et se projettent déjà dans l’élection présidentielle de 2022 ; ils ont commencé à se décocher des flèches empoisonnées et revendiquent, chacun de son côté, la meilleure place pour accéder à l’Elysée.

Leur personnalité et leur score tiennent déjà lieu de programme. Pour que rien ne change dans le meilleur des mondes pour milliardaires

Je me demande comment les Français qui n’en peuvent plus de la politique de régression sociale, de casse industrielle et du rejet de l’autre pourraient voter demain pour un si petit président, quand le rejet du système a été aussi criant qu’à l’issue des élections régionales et départementales.

Leur ignorance de la France profonde, dont ils parlent avec tant de mépris, est époustouflante. Ils ont déjà jeté un voile pudique sur l’abstention. Ils n’entendent rien des cris venus des cités-ghettos où leur politique entasse les pauvres, toujours plus pauvres, toujours plus nombreux, qui ne survivent que grâce à la solidarité des associations.

A Clichy-sous-Bois, 87,98 % des électeurs se sont abstenus au premier tout le 21 juin et 86,67 % au second. Les chiffres sont à pu près identiques à Roubaix (83,94 % au premier tour et 81,87 % au second), Pierrefitte (79,52 % et 81,01 %), Garges-les-Gonesse (81,76 % et 78,51 %). Je pourrais continuer à égrener des chiffres effrayants, alarmants pour la démocratie.

De partout (sauf dans certains partis politiques), on a entendu le cri d’alarme des banlieues, des quartiers qu’ils disent sensibles pour se donner bonne conscience. De bonnes âmes, très doctes mais bouffies d’orgueil, dissertent sur les causes d’une abstention aussi massive, mais elles sont aussi éloignées des réalités que les politiques et passent à côté de l’essentiel.

Ceux qui se sont abstenus ne font plus le lien entre le pouvoir d’un bulletin de vote et le changement de politique auquel ils aspirent. Et la gauche ? Où est-elle ? Que fait-elle pour faire revenir les électeurs dans les bureaux de vote ? Car si la droite n’apporte pas de réponse aux classes populaires, la gauche non plus, enfermée qu’elle est dans ses batailles d’ego démesuré et ses certitudes d’voir la seule réponse à la situation. N’est-ce pas MM. Jadot, Mélenchon et consorts !

Triste démocratie.