Le 23 décembre 1951, à 15 heures, le Père Noël était brûlé sur le parvis de la cathédrale Saint-Bénigne de Dijon avec l’accord du clergé et devant 250 enfants des patronages.
Le curé à l’origine de l’autodafé, Jacques Nourissat, a publié un communiqué dans lequel on pouvait lire : « Pour nous, chrétiens, la fête de Noël doit rester la fête anniversaire de la naissance du Sauveur (…) Le Père Noël a été sacrifié en holocauste. A la vérité le mensonge ne peut éveiller le sentiment religieux chez l’enfant. »
Le clergé de Dijon recevait le renfort de l’épiscopat : « Le Père Noël et le sapin se sont introduits dans les écoles publiques alors qu’ils sont la réminiscence de cérémonies païennes qui n’ont rien de chrétiennes tandis que, au nom d’une laïcité outrancière, la crèche est scrupuleusement bannie des mêmes écoles. »
Le Père Noël considéré « comme usurpateur et hérétique », Claude Lévy-Strauss s’en était offusqué dans un essai intitulé ‘’Le Père Noël supplicié’’ et le chanoine Kir, maire de Dijon, s’était désolidarisé du clergé local et mis en œuvre une contre-manifestation : dès le lendemain, le 24 décembre, le « vieux magicien barbu » comme l’appelait René Barjavel, descendait en rappel depuis la tour Philippe-le-Bon du palais des ducs de Bourgogne devenu le siège de la mairie.
Cette bataille-là, les agités de la calotte ne l’ont pas gagnée ; mais, à Rambouillet, par exemple, ils sont toujours aussi ennemis irréductibles de la laïcité. Les bigots sont de moins en moins nombreux (de plus en plus virulents), enfermés dans leurs dogmes moyenâgeux. Ce qui doit inquiéter, c’est leur proximité avec les lieux de décision politique. Le Père Noël, lui, résiste bien ; ils l’ont brûlé mais il continue à alimenter le commerce.