Si Donald Trump observait ce qui se passe en France (simple supposition car le futur président des Etats-Unis est d’une bêtise insondable et tout à son America First), il s’esclafferait de rire.

Les femmes et les hommes politique (de droite) multiplient les déclarations pour le féliciter de son élection, en répétant qu’ils sont impatients de travailler avec leurs homologues américains pour importer son régime fascisant.

Les peuples tremblent mais ni les ultra-réactionnaires, ni les milliardaires. Trump les fait rêver.

Les milliardaires comme Bernard Arnault ou Bolloré invitent leurs journalistes à vanter le choix des Musk (efficacité gouvernementale), Kennedy (santé), Gaetz (justice), Hegseth (défense) qui mettront fonctionnaires, médecins, juges et militaires au pas.

Agnès Verdier-Molinié, la muse de l’ultra-libéralisme a choisi les Echos (le quotidien de Bernard Arnault où elle est chroniqueuse) pour dénoncer « nos très chers manifestants syndiqués de la fonction publique menaçant de nouveau d’arrêter nos services publics », appelant à la solidarité. Solidarité avec celui qui ose publier ses diatribes et qui dort sur un matelas en or quand les pauvres (et même des enfants) dorment dans la rue ? L’attaque contre les fonctionnaires est autant ridicule que la sortie de Nicolas Sarkozy à propos des enseignants.

D’autres profitent de leurs relations avec les milliardaires pour déblatérer sur les juges et appeler au respect de la démocratie. Comme Trump. Leurs turpitudes ne sont pourtant pas des inventions.

Rachida Dati, par exemple, sera jugée « recel d’abus de pouvoir et d’abus de confiance », « corruption et trafic d’influence passifs par personne investie d’un mandat électif public au sein d’une organisation internationale », en l’espèce le Parlement européen. Rien que ça.

Certes, jusqu’au jugement, l’ex-ministre de la justice a droit à la présomption d’innocence. Mais ressasser dans tous les médias que le réquisitoire du parquet national financier est infamant et choquant est osé. Et risqué. Une ex-ministre de la justice ne devrait pas dire ça. Les juges sont encore libres, plus qu’aux Etats-Unis.

Pour Marine Le Pen, c’est l’histoire de l’arroseur arrosé. Celle qui, selon le slogan du Front national, se présentait « Tête haute, mains propres », osait dire il y a peu encore : « Les Français n’en ont pas marre d’entendre parler des affaires, ils en ont marre qu’il y ait des affaires ! », ou « Nous, on ne pique pas dans la caisse (…) on ne vole pas l’argent des Français », ou encore « Respecter la démocratie, c’est ne pas voler l’argent des Français. »

Elle aussi sera jugée pour « abus de confiance », « recel d’abus de confiance », « escroquerie en bande organisée », « faux et usage de faux » et « travail dissimulé ».

Tout ce beau monde est rattrapé par la justice (pas par les juges). Comme Trump. Mais il n’est pas sûr qu’ils éviteront les condamnations que le président des Etats-Unis, lui, a les moyens d’éviter.

Trump fustige les médias et les journalistes ; en France, tous ces mis en examen s’épanchent dans les médias. Leurs petites phrases sont reprises à satiété et si cela ne suffit pas, ils s’invitent sur les grandes chaînes, comme a pu le faire Marine Le Pen sur TF1 pour dénoncer un procès politique. « Il est très inquiétant de constater que l’indépendance de la justice est battue en brèche dans l’espace médiatique et dans certaines paroles politiques », a pu amèrement regretter une magistrate. 

Le bon peuple est invité, lui, à regarder le marigot et ceux qui font la honte de la politique, à croire leurs mensonges et à continuer à voter pour eux, comme ces Américains ont voté puissamment pour Trump.