La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, n’est pas une sotte. Du moins, l’imagine-t-on. Biochimiste, elle a été présidente d’université.

En revanche, elle se distingue, en tant que ministre, par une incurie rare et, en tant que femme politique, par une faculté à dire n’importe quoi.

Son bilan est globalement négatif !

Un procès lui est intenté après avoir demandé au CNRS une étude scientifique sur l’islamo-gauchisme à l’université, aussitôt dénoncé par la Conférence des présidents d’université et par le CNRS lui-même, réaffirmant que « l’islamo-gauchisme, slogan politique utilisé dans le débat public, ne correspond à aucune réalité scientifique ». Procès totalement justifié et qui devrait conduire à sa démission (personne dans le monde universitaire et de la recherche ne la regrettera). Mais ce procès ne doit pas être celui de la seule Frédérique Vidal. Elle n’a fait que répéter ce qui se dit dans les milieux de la droite fascisante et jusqu’au gouvernement. Le Figaro y a largement contribué, comme d’autres ex-nouveaux philosophes, mais aussi nombre de ministres, comme Jean-Michel Blanquer qui, en octobre 2020, osait déclarer sur Europe 1 : « Ce qu’on appelle l’islamo-gauchisme fait des ravages. Il fait des ravages à l’université, il fait des ravages quand l’UNEF cède à ce type de chose, il fait des ravages quand dans les rangs de La France insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s’affichent comme tels. Ces gens-là favorisent une idéologie qui, ensuite, de loin en loin, mène au pire ».

Gérald Darmanin a volé en toute hâte au secours de sa collègue au gouvernement, lui qui avait répondu à Alexis Corbière, député LFI en octobre 2020 à l’Assemblée nationale : « Je ne m’explique pas qu’un parti comme le vôtre, qui a dénoncé pendant longtemps l’opium du peuple, en soit désormais lié avec un islamo-gauchisme qui détruit la République. » Aucun ministre n’a été désavoué, ni Darmanin, ni Vidal, ni le perroquet de Darmanin, Marlène Schiappa, qui a ajouté son couplet.

Les cerveaux sont atteints, y compris à gauche ; n’est-ce pas e prétendu socialiste Bernard Cazeneuve qui avait, lui aussi, dénoncé les lâchetés de l’islamo-gauchisme après l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine.

Pour Frédérique Vidal (et les autres), il ne s’agit donc pas d’un dérapage, mais bien d’une déclaration reprenant la stratégie et les mots de la politique gouvernementale. Et c’est en cela que cette sortie de la ministre est inquiétante : elle gagne tous les ministres, tous les milieux de la droite réactionnaire, quelques politiciens égarés à gauche. C’est en cela qu’elle illustre la stratégie de Macron pour la campagne de l’élection présidentielle et sa course à l’échalote avec Marine Le Pen.

Pour revenir à Frédérique Vidal, elle semble avoir oublié qu’elle fut une enseignante-chercheuse, elle est indigne de la fonction de ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Mais elle n’est pas la seule.