Quelle bouffée d’air les billets de François Morel le vendredi à 8h55 sur France Inter ! Il égratigne, il dénonce, mais avec le sourire et une bonne dose d’humour. Et son mérite est grand car cultiver l’ironie vacharde sur des sujets graves n’est pas donné à tout le monde.

Donc, vendredi, François Morel a parlé de la hiérarchie de l’information ; il a frappé fort, y compris sur France Inter. Son billet était titré ‘’L’esprit de meute’’, une leçon de journalisme en deux minutes.

En voici l’essentiel, mais le lecteur en savourera toute la finesse en se reportant sur le site de la radio publique pour l’entendre. L’interview du chien d’Olivier Duhamel (non retranscrite ici) en vaut la peine.

« L’autre jour, j’écoutais France Inter. Ça m’arrive.

C’était les informations. On a entendu un reportage de la plus brûlante urgence sur le voisinage d’Olivier Duhamel. Des voisins qui, en gros, disaient « il est pas spécialement aimable, il ne dit pas bonjour ».

Moi, c’est pareil. J’ai un voisin qui dit pas spécialement bonjour. Jusque là je n’ai jamais pu le dire publiquement car il semblerait qu’il n’ait encore jamais trempé dans aucune affaire de mœurs. Mais j’attends mon heure. Si l’occasion se présente, j’aime autant vous dire que je saurais quoi répondre au journaliste qui viendra m’interroger. Lui, il a torturé ses enfants, violé son chien, battu sa femme ? Ca ne m’étonne pas : il disait jamais bonjour.

Qu’est-ce qui différencie le service public d’une chaîne commerciale ? C’est sûrement la capacité à savoir hiérarchiser l’information. Le sens de l’urgence.

Des fois franchement, on s’embête à expédier des grands reporters en Syrie ou en Ukraine. Ça coûte cher. Les journalistes sont obligés d’obtenir des attestations parce qu’ils ne sont pas rentrés à la maison avant 18h alors qu’il suffit qu’ils aillent dans le 5éme arrondissement afin d’interroger les voisins d’Olivier Duhamel et pouvoir ainsi apporter de toute urgence leur pierre au grand débat né du livre de Camille Kouchner.

Au Parisien également, ils ont leurs envoyés spéciaux. Ca permet d’apprendre plein de choses instructives (…) Dans M, le magazine du Monde, samedi dernier, il y a aussi eu, un reportage captivant sur 6 pages et sur Sanary-sur-Mer pour dire que la famille se mêlait peu à la vie de la ville. Si par hasard, on avait aperçu Olivier Duhamel l’été dernier dans le PMU du port en train de gratter un Black Jack, ça aurait sûrement fait l’objet d’un numéro spécial.

Ce que ces reportages disent des relations toxiques entre adultes et enfants, de la pédophilie ? Bah… En revanche, ce qu’ils disent du lynchage, de l’esprit de meute et de cette volonté dégoûtante de vouloir toujours mettre sa propre vertu en avant… »

Merci François Morel et à vendredi prochain.