Olivier Dussopt est jeune ; il n’affiche que 44 ans. Issu d’une famille ouvrière de l’Ardèche, il navigue cependant dans les partis politiques depuis plus de vingt années.

Il a été élu conseiller régional de Rhône-Alpes en 2000, puis maire d’Annonay en 2008 sous l’étiquette du Parti socialiste. Soutien d’Emmanuel Valls pour la primaire socialiste de 2016, il est réélu député le 18 juin 2017 contre une candidate de la République en marche.

Il s’est distingué par ses prises de position contre les déclarations d’Emmanuel Macron traitant les ouvrières de l’abattoir Gad d’illettrées ; il s’est abstenu lors du vote de confiance du gouvernement et contre les projets de loi de financement de la Sécurité sociale, ainsi que contre la loi travail.

Bref, Olivier Dussopt se comportait comme un socialiste, pas révolutionnaire, certes, mais fidèle à un certain nombre de principes puisés dans ses origines prolétariennes.

L’homme a surpris lorsque, tournant le dos à ses origines et à ses principes, il est nommé secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’action et des comptes publics dans le gouvernement d’Edouard Philippe le 24 novembre 2017 après avoir voté contre le budget. Le jour même il est radié du Parti socialiste.

Depuis, le petit député socialiste a été choyé par Emmanuel Macron et il gravit les marches à une allure folle : le 20 mai dernier, il est nommé ministre du travail, du plein emploi et de l’insertion dans le gouvernement d’Elisabeth Borne. Ce qui lui a valu d’être invité à l’université d’été du MEDEF. Les patrons n’ont pas été déçu par cet invité de marque qui leur a présenté en exclusivité le projet de loi portant réforme de l’assurance-chômage, insistant sur la modulation des indemnités, osant déclarer que les mesures incitatives permettront d’atteindre le plein-emploi, ajoutant : « C’est aujourd’hui inacceptable d’avoir ce taux de chômage avec autant de difficultés de recrutement ». On connaît l’argument, fallacieux ; l’histoire a prouvé que la régression sociale ne solutionnait aucun problème.

Olivier Dussopt est encore jeune, mais ses idées sont celles des vieux routiers de la politique, qui, comme Emmanuel Macron, défendent avec une rare énergie une gouvernance du monde, l’ultralibéralisme, qui a échoué et qui a accru les inégalités et jetés des millions de citoyens, sous tous les continents, dans la pauvreté et la faim.

Il a comme son mentor une curieuse conception des relations avec les organisations syndicales : il dévoile le contenu final de la réforme de l’assurance-chômage devant un parterre de patrons et son adoption avant la fin de l’année tout en sollicitant le dialogue social.

Olivier Dussopt vient ainsi de prouver qu’une certaine conception du socialisme est soluble dans le macronisme, pour le plus grand bonheur des Républicains, de Bayrou et du Rassemblement national.

Jean Jaurès, reviens, ils sont devenus fous !