Jojo avec son gilet jaune aurait micro ouvert en permanence sur les chaînes d’information en continu. Et ce Jojo-là, inculte assurément, manipulé sans doute, déverse des tombereaux d’idioties, de contre-vérités, dictées par ceux qui manipulent ce Jojo, les souliers crottés et le pantalon en tire-bouchon, cachant sa condition de gueux avec son gilet jaune comme un étendard.
Manu, ci-devant président de la République, est outré : ce Jojo-là, ignare et manipulé, est mis sur un pied d’égalité avec les ministres que lui, Jupiter scarifié, a nommé pour leurs grandes compétences à nous faire entrer dans le « nouveau monde ».
Manu est tellement outré qu’il a convoqué aussitôt en son palais quelques journalistes du Figaro (de Dassault), du Point (de Pinault), de Paris Match (de Lagardère), de BFM TV (de Drahi), etc., c’est-à-dire les représentants d’une presse irrévérencieuse, pour une conversation dite libre.
L’un d’eux, tombé dans une sorte d’extase et de jouissance extrême, a cru bon de faire partager ce moment historique en s’exclamant « Nous y étions ». Entré dans le Cénacle de Jupiter lui-même, il en a oublié de relever cette nouvelle manifestation du mépris de classe et de l’insulte de son hôte élyséen.
Les grands journalistes, ébahis d’avoir été invités à entrer dans le Cénacle, n’ont pas relevé les injonctions du président en majesté : ou la presse se soumet pour délivrer la pensée complexe de Manu ou, lui-même s’en chargera par l’instauration d’un contrôle préalable de l’information. Comme Napoléon III ou, avant lui, le roi.
Fâcheux oubli de la part des invités ? Certes non. N’ont-ils pas été invités parce que, eux, parfaits journalistes de cour et de révérence, sont au-dessus de tout soupçon de manipulation de l’information ? Ils ont préféré rapporter à leurs lecteurs, eux les nantis du régime (il y a longtemps que les gilets jaunes ne les lisent plus pour éviter la contamination de la pensée complexe, eux qui ont du mal à finir les mois et qui courent de petits boulots en petits boulots) des pensées plus nobles.
L’histoire ne dit pas si Jupiter les a remercié d’une si grande mansuétude à son égard. Car Manu ne remercie personne. Chacun lui est asservi.