Michel Audiard, la gouaille parisienne à l’état brut, avait du talent ; ses dialogues sont restés dans l’histoire populaire. Il aurait eu 100 ans le 15 mai et c’est l’occasion pour un certain nombre de publications de lui rendre hommage et de lui consacrer quelques reportages. Bienvenus en période de confinement. Un petit sourire ne fait pas de mal.

Michel Audiard, donc, à mis dans la bouche de Lino Ventura dans le film-culte Les Tontons flingueurs, « Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît. »

Michel Audiard avait bigrement raison : l’un de ceux dont il dénonce l’audace vient de se signaler en osant apporter une réponse à Vincent Lindon.

Je tairai le nom de celui qui s’est livré à l’exercice ; il se reconnaîtra et cela m’évite de lui donner une audience qu’il ne mérite pas.

Nous sommes, à l’heure où j’écris ces lignes, 5 266 232 à avoir vu et écouté Vincent Lindon. Et ces cinq millions ont applaudi au beau texte de l’acteur, à lui trouver de grandes qualités d’écriture, une profondeur dans la réflexion et de l’audace dans les propositions. Et ce contributeur obscur du site participatif des Echos, baptisé Le Cercle, a trouvé d’emblée le texte pauvre. Libre à lui de ne pas aimer les textes littéraires et de préférer, en tant que délégué général de la Fédération des investisseurs individuels et des Clubs d’investissement (F2IC), les bilans financiers des entreprises du CAC 40, truffés du jargon incompréhensible des économistes et autres boursicoteurs.

Mais l’homme qui n’aime pas la littérature et préfère les discours d’Emmanuel Macron, mord le trait en devenant injurieux. Il a vu de la malhonnêteté et de la mauvaise foi dans les propos de Vincent Lindon. Et, cerise sur le gâteau, il prend la défense de Patrick Balkany et de son « admirable épouse » (sic), condamnés contre l’avis du « bon peuple de Levallois ».

Enfin, le détracteur aborde la réforme des retraites avec beaucoup d’aplomb ; il ose écrire : « Sans les BlackRock, sur lesquels ils crachent avec tant de jouissance, les ‘’GJ’’ peuvent dire adieu à leurs retraites et accessoirement à leurs services publics. »

Assurément ce Monsieur, qui n’a ni le talent de Vincent Lindon, ni celui de Michel Audiard, ne brandira pas le programme du Conseil national de la Résistance, Les Jours heureux, pour résoudre les questions posées au jour d’après. Peu importe d’ailleurs, on ne comptait pas sur lui.

Mais, peut-être n’aurais-je pas dû m’adresser à cet obscur contributeur des Echos, car comme l’avait faire dire aussi Michel Audiard à l’un de ses acteurs : « J’parle pas aux cons, ça les instruit ! »