La colère gronde dans les banlieues ; c’est là que ceux qui n’ont rien ont le plus souffert du confinement. Exiguïté des appartements, salaires amputés pour cause de chômage partiel ou absents faute de papiers, familles confinées et réunies et autant de bouches supplémentaires à nourrir faute de cantine, prix des produits de première nécessité qui s’envolent, enseignement à distance illusoire faute d’équipement et de place, les difficultés du quotidien ont accru les motifs de ressentiment ; ceux-ci s’accumulent. Les banlieues (et pas qu’elles) sont au bord de la rupture.
Les mesures contradictoires annoncées par le président de la République et les membres du gouvernement ont accru la défiance de ceux qui ne s’interrogent pas pour savoir s’il faut plus ou moins d’Etat-providence. Ils ne croient plus à l’Etat-Père Noël fustigé par Les Echos.
Tous les ingrédients d’une explosion sociale sont réunis et tout nous renvoie aux mots si justes de Vincent Lindon.
Le Monde, daté du 13 mai, publie un reportage dans la ville de Stains qui témoigne de ce que vivent les oubliés de la République. Le maire rapporte en effet :
« Une mère de famille, en recevant un panier, m’a dit qu’elle faisait goûter ses enfants le plus tard possible dans la journée, pour pouvoir sauter le repas du soir. »
Imagine-t-on la honte de cette mère de famille ? Imagine-t-on la honte de ces enfants au ventre vide ?
Comment est-il encore possible que des gens puissent avoir faim dans la sixième puissance économique du monde, en 2020 ?
Comment ce pays si riche…
On revient à Vincent Lindon.