Christian Trotzier, docteur en sociologie, s’est penché sur le sort de ceux qui sont victimes dans la France d’aujourd’hui des licenciements, qui, écrit-il, sont « trop souvent et abusivement appelés ‘’plans sociaux’’ ». Dans son livre, Le choc du licenciement : femmes et hommes dans la tourmente, il recense le chiffre effarant de 9,8 millions de salariés touchés par ces plans dits sociaux de 1981 à 2000, puis 1 million entre 2001 et 2005 ; il s’agit le plus souvent d’ouvrières.

Il cite les travaux d’autres chercheurs qui rappellent que « le chômage ne se réduit pas à une privation d’emploi. Il peut être vécu comme une humiliation due à l’injustice subie et, paradoxalement, à la culpabilité éprouvée. La vie sociale est en outre menacée. »

Dimanche, dans l’émission ‘’13h15, le dimanche’’, le Feuilleton des Français a suivi un jeune couple de Béthune et leurs deux jeunes enfants ; les deux conjoints étaient employés à l’usine Bridgestone. Aujourd’hui, ils sont licenciés et la jeune femme n’a pu retenir ses larmes. Les rêves de ce jeune couple se sont évanouis ; le réel les plonge dans la peur du lendemain. Quoi dire à de jeunes enfants quand on a tout perdu, son travail, son lien social et que, au bout du compte, on a l’angoisse de devoir, peut-être, vendre sa petite maison où les enfants devaient s’épanouir.

Cruel spectacle, difficile à supporter pour qui a encore un cœur.

Combien de temps encore faudra-t-il supporter ces reportages où des salariés tombent en larmes devant les caméras, alors que les patrons se cachent pour éviter de croiser les regards de leurs ex-employés, de voir les terribles dégâts humains que leurs décisions produisent. De combien de drames humains les actionnaires sont-ils les auteurs, jamais rattrapés par la justice puisque tout ce qu’ils font est considéré comme légal.

Aujourd’hui, le patron de Danone, Emmanuel Faber, a eu le culot de justifier 2000 licenciements dans le monde, dont 400 en France, pour que le groupe puisse élever ses profits entre 15 et 20 %. Il a parlé d’adapter le groupe pour le long terme, mais il n’a pas eu un mot pour les salariés. Indécent et scandaleux, le système est pourri et inhumain.

Aujourd’hui, combien de salariés de Danone sont rentrés à leur domicile pour cacher leurs larmes comme leurs homologues de Bridgestone ?

Face à ces drames qui touchent de plus en plus de salariés en France, il n’y a qu’une réponse : écarter la clique des Macron, Le Maire, Jacob, Ciotti, Le Pen, c’est-à-dire ceux qui servent sans retenue un capitalisme financier porteur de tous les malheurs, à commencer par le chômage, l’augmentation exponentielle des inégalités, un recul inédit des libertés fondamentales et des services publics.

Il est urgent d’abolir les lois du marché pour mettre en chantier un nouvel ordre économique, rétablissant les principes démocratiques de justice, de liberté, d’égalité, de fraternité et de solidarité, c’est-à-dire ces valeurs léguées par les Lumières, les Révolutionnaires et les Communards.

Bannissons les pleurs et retrouvons la joie de vivre, les jours heureux.