Nicolas Sarkozy est rancunier (terriblement), imbu de sa (petite) personne et d’une rare méchanceté. En 2006, après que Paris Match eut publié une photo de celle qui était encore son épouse, Cécilia, en compagnie de son amant, Richard Attias, à New York, il avait obtenu le départ du directeur du magazine people, Alain Genestar. 

Aujourd’hui, deux jours aprè un article d’une pleine page dans Le Monde révélant les interventions de l’ex-président au sein du groupe Hachette pour menacer ceux qui ont osé publier des enquêtes de journalistes rappelant ses déboires judiciaires, on apprend le départ de Sophie de Closets de Fayard.

Si on en croit Le Monde, le sort de Sophie de Closets était scellé depuis la fin de 2021 ; au cours d’un entretien tumultueux avec Olivier Nora, patron de Grasset (autre maison d’Hachette), Nicolas Sarkozy eut le toupet de rétorquer à celui qui considérait que le départ de la présidente de Fayard serait une perte considérable : « On disait déjà ça pour M. Nourry et la maison continue de très bien tourner. »

Que les menaces de Sarkozy soient suivies d’effets, voilà qui en dit long sur la censure régnant dans les médias et la culture en France !

Emmanuel Macron semble marcher sur les mêmes traces que son ami Sarkozy. Aujourd’hui, le président-candidat (qui n’a pas le temps de faire campagne) veille néanmoins sur tout et sur le moindre détail. On apprend que Pierre Lescure est remplacé à la présidence du Festival de Cannes par Iris Knobloch après intervention de Dominique Boutonnat (soutien de Macron et placé par ce dernier à la présidence du CNC) et de Roselyne Bachelot. 

La nouvelle présidente a été cependant très mal élue. Certains administrateurs ont jugé que le parcours de cette juriste de formation n’était pas compatible avec cette tâche : elle a été une dirigeante de la Warner Bros à Los Angeles puis à Paris pendant plus de vingt ans. On lui reproche son profil très ‘’business’’, mais aussi d’être administratrice de la banque Lazard et vice-présidente du conseil d’administration du groupe Accor, puis, après avoir quitté la Warner en juillet 2021, d’avoir créé un fonds d’investissement dans lequel on retrouve, par hasard (?) Matthieu Pigasse et Artemis, la holding du groupe de la famille Pinault.

Un producteur, Saïd Ben Saïd, a osé ‘’twitter’’ : « Est-ce qu’on ne fait pas une erreur en nommant à la tête des institutions culturelles des personnes, certes très qualifiées dans leur domaine de compétence, mais pour qui la culture et l’art ne sont que des colonnes de chiffres ? »

Cinéastes, producteurs et distributeurs indépendants, exploitants de salles ont fait savoir à Pierre Lescure leur condamnation du processus de nomination d’Iris Knobloch, un choix venu d’en haut. Et la SACD a enfoncé le clou en termes clairs : « C’est la première fois qu’on a une présidence mal élue, et que l’État, qui a une présence très forte au sein du Festival de Cannes, impose son candidat sans concertation d’aucune sorte, passant outre la très grande hostilité de la profession ».

Sarkozy orchestre les mises à l’écart et Macron les nominations. Dans un cas comme dans l’autre, on verrouille la liberté d’expression d’un simple coup de fil.

Notre démocratie est gangrénée. Le seul remède à la putréfaction du tissu de la démocratie est l’amputation. C’est-à-dire la mise hors d’état de nuire de ceux qui attentent chaque jour aux principes républicains. Il faudra bien qu’un jour, proche, le peuple reprenne le pouvoir et soigne la démocratie en écartant définitivement les Sarkozy et autres Macron.