Noël n’est pas joyeux pour tous ; les pauvres, les sans-abri, les réfugiés dormant dans des campements indignes et les grévistes ne sont pas à la fête.

Des personnalités apportent leur soutien aux grévistes aujourd’hui dans L’Humanité ; aux grévistes, mais pas seulement. Nicole Ferroni, l’humoriste et chroniqueuse de France Inter, résume un état d’esprit largement partagé : « Dans ma tête, j’ai plusieurs colères. Contre la réforme des retraites, mais aussi celle des lycées. Contre la situation des urgences à l’hôpital, la réforme de l’audiovisuel… »

Car, oui, la France souffre. A l’exception de la France des riches.

Gérard Mordillat, l’écrivain et cinéaste, constate : « Nous ne sommes pas dans le cadre de la lutte des classes, mais dans une guerre des classes. »

Celui qu’il qualifie de ‘’Robin des bourges’’ a ouvert un conflit majeur sur tous les fronts et pas seulement sur le front médiatique. Sur le front des médias, il a laissé carte blanche au nouveau patron de la SNCF pour dénoncer les grèves qui ont déjà fait perdre 400 millions à l’entreprise.

Il a autorisé son gouvernement à signer un arrêté le 17 décembre qui autorise des dérogations aux chauffeurs de ‘’bus Macron’’ : ils pourront rouler deux heures de plus par jour (11 heures au lieu de 9) et six heures de plus par semaine.

Il n ‘hésite pas à jouer avec la sécurité des passagers et la santé des chauffeurs pour tenter de briser une grève qui l’insupporte.

La droite profite du climat ambiant pour tenter de rajouter du discrédit aux cheminots. Le président de la région Grand Est, Jean Rottner, annonce la privatisation de deux lignes régionales, Vittel-Nancy (fermée depuis 2016) et Epinal-Saint-Dié (fermée depuis fin 2018) et, sans expliquer ni pourquoi, ni comment, il prétend dans une interview donnée à La Tribune qu’il va « obtenir des coûts de fonctionnement en baisse de 15 et 30 % par rapport à la situation existante avec la SNCF ».

Jean Rottner est membre du parti des Républicains et, s’il ne le dit pas ouvertement, en creux, il accuse les salariés de la SNCF d’être des privilégiés puisque la concurrence va lui permettre de faire des économies entre 15 et 30 %.

Mais ces arguments sont fallacieux. Les lignes en question ont été fermées faute d’un entretien suffisant et, aujourd’hui, le coût des travaux est jugé trop important pour être supporté par le service public, l’Etat et la Région. La tactique est éculée.

Malgré tant de mensonges, la grève est toujours soutenue par une majorité de Français. Même les chefs d’entreprise, interrogés par OpinionWay pour la TribuneLCI et CCI France, sont 57 % à souhaiter que le gouvernement ne maintienne pas en l’état son projet de loi retraites. Ils seraient même 15 % à souhaiter son retrait pur et simple.

Gérard Mordillat a raison de s’écrier : « Plus la grève se durcit, plus nous devons nous montrer solidaires des grévistes, en paroles et en actes. Cette guerre, c’est la nôtre. Vive la Sociale ! »