La destruction programmée de l’hôpital public, Stéphane Velut, chef du service de neurochirurgie du CHU de Tours, la vit au quotidien. Il en explique les phénomènes en 40 pages de la collection Tracts de façon remarquable et originale : il décrit « le langage (…) qui révèle le dessein de faire de l’hôpital une nouvelle industrie. »

Stéphane Velut se définit comme un artisan : « Je travaille de mes mains depuis trente-huit ans au sein d’un CHU. Oui, manuel : locution de nos jours frappée d’insignifiance », écrit-il, avant de confesser : « J’ai vécu dans un état de cécité face au fonctionnement même de l’hôpital qui m’employait. »

Sa prise de conscience de l’évolution de son métier est somme toute récente : « C’est donc assez brutalement que je m’éveillai un matin quand, au cours d’une de ces réunions devenues – mais de cela j’avais pris conscience très tôt – une alternative au travail, le jeune membre d’un cabinet de consulting me fit savoir que ‘’Tout en restant dans une démarche d’excellence, il fallait désormais transformer l’hôpital de stock en hôpital de flux’’. »

Dès lors, le médecin-artisan s’est heurté aux gestionnaires, que lui appelle corps administrant, qui ne parlent plus que de tarification de l’activité, de médecine ambulatoire, de redimensionnement capacitaire, etc.

Le médecin dénonce cette casse de l’hôpital public et se demande si la politique actuelle n’est pas en train de le tuer, « Car, paradoxe, l’hôpital public alimente in fine le secteur libéral par le départ de ses praticiens lassés. »

L’hôpital souffre des maux du libéralisme, du macronisme. Comme tous les autres secteurs d’activité. La financiarisation tue les secteurs publics et les personnels sont entrés en lutte, aux côtés de bien d’autres secteurs (cheminots, enseignants, etc.).

S’ajoute à la mise à mort des services publics, la réforme des retraites au nom des mêmes dogmes libéraux.

Et ça, les Français n’y croient pas, n’y adhèrent pas.

(L’hôpital, une nouvelle industrie. Le langage comme symptôme, Stéphane Velut, Tracts Gallimard, 3,90 €)