Mohammed ben Salmane est à l’Elysée, palais de la République. Reçu avec tous les honneurs dûs aux hôtes de marque et pour un dîner officiel.

Comment cela peut-il advenir dans une démocratie qui affiche la Liberté, l’Egalité et la Fraternité aux frontons de ses bâtiments ? Comment recevoir le prince d’un monde moyenâgeux, reconnu comme l’assassin d’un journaliste, Jamal Khashoggi ; comment serrer la main du dirigeant d’un régime répressif envers les opposants et les homosexuels, refusant les droits les plus élémentaires aux femmes, pratiquant encore la lapidation et la peine de mort. Le pire régime qui soit aujourd’hui et qui se permet d’intervenir militairement dans un pays frontalier, le Yémen, y semant la mort et la misère avec des armes françaises ?

Mohammed ben Salmane est l’un des dirigeants les plus détestables de la planète, un dirigeant sanguinaire, encourageant la pratique de la torture et de l’assassinat au nom de ses croyances, un être infâme, considéré comme un paria il y a encore quelques semaines.

Aucun pardon n’était possible. Tous les honneurs lui sont rendus. Par Biden et par Macron, participant à une réhabilitation honteuse d’un prince du pétrole qui doit bien rire sous son keffieh taché du sang de ses opposants.

L’odeur du pétrole a-t-elle complétement anesthésié les dirigeants de ceux qui craignent pour leur approvisionnement en carburant et en gaz ? Poutine est-il moins fréquentable que ben Salmane ? Faut-il s’associer à un meurtrier pour faire plier l’étrangleur de l’Ukraine ?

Le fait est aujourd’hui que les défenseurs de la liberté, attendant beaucoup de la fraternité, éprouvent des sentiments de colère ; ceux qui ont cru à la République et à une façon de vivre dans le respect des droits de l’Homme, cru en la justice, sont trahis.

C’est en croyant aux droits de l’Homme et en usant de son droit de critique que Jamal Khashoggi a été exécuté de façon atroce par les sbires de Mohammed ben Salmane. Aucune réhabilitation n’est donc possible, ni ici, ni ailleurs.