Les informations se bousculent et les questions essentielles qui définissent toute organisation sociale sont passées sous silence.

Le Tour de France a pris fin hier sur les Champs Elysées ; cette année, comme les précédentes, les foules étaient immenses sur les routes pour voir et applaudir des cyclistes qui font (bien) le spectacle, mais aussi une caravane publicitaire, essentielle, elle, à l’organisateur.

Les spectateurs sont admiratifs et oublient une question essentielle : comment font-ils pour aller aussi vite, toujours plus vite, pendant 3400 kilomètres ? Le dopage gangrène tout les sports (ou à peu près) mais il est interdit d’en parler. Seuls quelques esprits pervers osent s’interroger sur les performances impressionnantes de quelques non spécialistes de la montagne dans l’ascension des cols.

L’acquisition des droits de retransmission des uns et les intérêts financiers des autres engendrent une singulière omerta. « The Show must go on » disent les Britanniques !

Qu’une équipe de France de volley-ball remporte la Ligue des nations un an après après avoir été championne olympique n’est pas jugé essentiel par les commentateurs sportifs ; la victoire sur les Etats-Unis est ignorée, quand le moindre geste du footballeur Neymar fait gloser toutes les salles de rédaction.

Que les escrimeurs français reviennent des championnats du monde du Caire avec 8 médailles dont 4 en or et une première place au classement des nations, les grands médias ne jugent pas utile d’en parler.

Que la France se contente d’une seule médaille aux championnats du monde d’athlétisme à Eugène, aux USA, n’est pas jugé important, encore moins essentiel. Les pauvres athlétes sont laissés à l’abandon par un gouvernement qui a oublié d’avoir une politique en matière de sport !

Mais le président de la République n’oublie pas d’aller suivre une étape du Tour de France et de se faire admirer, toutes vitres ouvertes et sourire commercial de circonstance, dans la voiture de l’organisateur, pour ne pas passer inaperçu.

La proximité avec le peuple n’est que symbolique ; car pendant que les foules sont agglutinées sur la route du Tour, l’Assemblée nationale continue ses basses œuvres de casse des acquis sociaux ; la SNCF brade ses filiales pour renflouer sa trésorerie, le fonds américain KKR finalise le rachat du principal groupe de cliniques en France, Ramsay Santé, Gérald Darmanin expulse les ‘’étrangers délinquants’’, même innocentés, les pompiers luttent à armes inégales avec les feux de forêts, faute de moyens suffisants, la junte birmane exécute les opposants, la Tunisie vote et tremble à l’idée de laisser les pleins pouvoirs à un dictateur.

Le Tour de France et quelques autres faits servent de paravent à l’essentiel, mais il n’est pas assuré que toutes les foules du bord des routes (et celles des bouchons de la route des vacances) aient oublié l’essentiel, à savoir leur pouvoir d’achat, leur emploi, l’inflation, le prix du litre de l’essence à la pompe, le manque de professeurs pour les enfants dès la rentrée, de médecins et d’infirmiers, les oubliés de ‘’Parcoursup’’, etc.

Les politiques n’oublient pas l’essentiel ; le peuple bronze mais rien ne lui échappe. Il a un cerveau qui lui a fait prendre toute la mesure de la gravissime crise économique et financière qui sème la misère dans le monde.

S’il a pris un peu de plaisir sur le bord des routes, dans une communion païenne annuelle, s’il n’a pas encore la réponse à l’angoissante question de la solution à apporter aux convulsions du libéralisme et des nouvelles voies à ouvrir pour éradiquer les désastres, il a pris conscience qu’il ne tient qu’à lui de renverser le cours des choses. Pour retrouver l’essentiel.