Emmanuel Macron s’est rendu au Collège des Bernardins pour porter un rude coup à la loi de 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat au terme d’un très long discours devant la Conférence des évêques de France.

D’emblée, il a déclaré vouloir réparer le lien abîmé entre L’Eglise et l’Etat. Il nous avait échappé que, depuis la loi de 1905, persistait un lien entre l’Eglise catholique et l’Etat républicain puisque le législateur avait, justement et fort opportunément, défini un principe de séparation.

Depuis cette date, pouvoir temporel et pouvoir spirituel doivent assumer leur autonomie ; contrairement au discours du président de la République, nous n’avons aucune « fin commune »et la « voix de l’Eglise »n’est nullement autorisée à « faire nôtres nombre de ses points » (l’inverse est également vrai).

Emmanuel Macron prétend que, ce lien abîmé, « il vous importe à vous et à moi de le réparer ». Etonnante et insupportable affirmation pour des républicains qui ont encore en mémoire un lien si fort entre l’Eglise catholique et la monarchie dans un Etat confessionnel, que la République a eu à subir l’hostilité active des prélats (à quelques exceptions près), fustigeant les idéaux de la glorieuse Révolution française pendant de (trop) nombreuses années, opposant ceux qui croient et ceux qui ne croient pas dans des luttes sanglantes.

L’Eglise catholique n’est plus religion d’Etat (Macron semble l’avoir oublié, à moins qu’il ne veuille la rétablir) et la République a su gagner de nombreuses consciences croyantes pour bannir la Restauration et la réaction et aboutir à un vrai ‘’vivre en commun’’ et en harmonie.

La loi de 1905 avait la volonté de mettre notre chère République (même si elle a connu des vicissitudes et si on peut lui reconnaître des imperfections) à l’abri des conspirations des bigots réactionnaires, tout en assurant la liberté absolue de croyance et de culte.

En appelant les catholiques « à faire don de leur engagement »et à renouveler « la relation entre religions, société et puissance publique » Emmanuel Macron commet une erreur grossière : les catholiques doivent user de leur libre arbitre pour s’engager ou pas dans la vie politique ; ils n’ont d’ailleurs pas attendu d’être exhortés par Macron pour militer, à droite comme à gauche. L’Eglise catholique n’a aucune mission particulière à remplir au sein de la République en tant que communauté de croyance. En outre, ceux qui ne croient pas ont au moins autant de « capacité à penser les universels »que les catholiques.

Emmanuel Macron a délivré un vrai discours de combat pour le retour de la religion catholique dans les affaires de la République. Sans doute, avait-il des arrière-pensées électorales, ce qui rend son appel encore plus pitoyable et misérable.

Avec ce discours du Collège des Bernardins, il a abîmé la laïcité.